« La mosquée Al-Aqsa et l'Eglise du Saint-Sépulcre sont à nous. Elles sont toutes à nous, et ils [les Juifs] n'ont pas le droit de les souiller de leurs pieds immondes. Nous saluons chaque goutte de sang versée pour le salut de Jérusalem. Ce sang est pur, un sang pur, versé pour l'amour d'Allah. Chaque martyr ira au paradis, et tous les blessés seront récompensés par Allah ». Photo : Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (Source de l'image : MEMRI) |
Une fois de plus, les Palestiniens ont été surpris à mentir à la planète entière. Ils ont prétendu que les Juifs « profanaient » les lieux saints islamiques, en particulier la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem.
Mais à l'évidence, si quelqu'un profane la mosquée – ainsi que d'autres lieux saints -, ce sont les Palestiniens eux-mêmes.
En 2002, des terroristes palestiniens ont fait irruption dans l'église de la Nativité à Bethléem, sans qu'aucun chrétien dans le monde ose émettre une quelconque protestation.
Les terroristes ont occupé l'église 39 jours durant et ont laissé derrière eux des couvertures et des matelas sales, des briquets et des mégots de cigarettes et une « odeur de matières fécales ».
Un prêtre s'est plaint que les terroristes avaient également profané l'église en fumant et en buvant de l'alcool.
Vendredi 15 avril au matin, des centaines de « fidèles » palestiniens se sont barricadés à l'intérieur de la mosquée d'Aqsa dans le but d'affronter les policiers israéliens.
Armés de pierres, de barres de fer et de feux d'artifice, les émeutiers sont arrivés tôt à la mosquée. Des témoins les ont vu y déposer des pierres et bloquer la porte principale à l'aide de barrières en bois et en métal.
Les « fidèles » sont allés défendre la mosquée parce que leurs chefs leur ont menti, affirmant à tort, que les Juifs prévoyaient de « prendre d'assaut » la mosquée et de « souiller » ses cours.
A peine entrés dans l'enceinte de la mosquée sur le Mont du Temple et avant même de se heurter à la police, les émeutiers ont brandi des drapeaux et des banderoles à la gloire du Hamas, un groupe palestinien inscrit par les États-Unis, l'Union européenne, le Canada, l'Australie, le Japon et d'autres pays, sur la liste des organisations terroristes.
Apparemment, les Palestiniens ne croient pas qu'introduire des pierres, des barres de fer et d'autres armes légères dans une mosquée soit une profanation.
Apparemment, les Palestiniens ne pensent pas que hisser le drapeau d'une organisation terroriste et des banderoles en sa faveur dans un lieu saint soit une profanation.
Apparemment, les Palestiniens pensent que lancer des pierres et des bouteilles en verre sur les gens rassemblés au pied du mur Occidental voisin, le site le plus sacré du peuple juif, n'est pas une profanation.
Apparemment, les Palestiniens estiment que lancer des pierres et tirer des feux d'artifice sur les policiers dans l'enceinte de la mosquée n'a rien d'une profanation.
Les émeutes déclenchées par les Palestiniens sur le mont du Temple le 15 avril ne sont en rien la conséquence d'une provocation. La violence a surgi parce que des dirigeants palestiniens et des groupes politiques palestiniens ont allégué que des « extrémistes juifs » prévoyaient, à l'occasion de la fête de Pâques, d'accomplir un sacrifice animal sur le Mont du Temple.
Israël a nié ces allégations et a multiplié des messages aux Palestiniens pour certifier que les Juifs ne seraient pas autorisés à effectuer des "provocations" sur le Mont du Temple.
Saleh al-Arouri, haut responsable du Hamas, à lui-même admis que son mouvement avait reçu de telles assurances quelques heures avant les violences. Selon al-Arouri, ce sont des « médiateurs » anonymes qui ont relayé le message israélien au Hamas.
Pourtant, toutes les tentatives d'Israël de démentir les fausses allégations ont été inutiles.
L'accusation de profanation des lieux saints islamiques par les juifs – l'équivalent d'une accusation de crime rituel - a été initiée il y a plusieurs années de cela, par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lui. En 2015, Abbas a déclaré :
« La mosquée Al-Aqsa et l'église du Saint-Sépulcre sont à nous. Elles sont toutes à nous, et ils [les Juifs] n'ont pas le droit de les souiller de leurs pieds immondes. Nous saluons chaque goutte de sang versée pour le salut de Jérusalem. Ce sang est pur, un sang pur, versé pour l'amour d'Allah. Chaque martyr ira au paradis, et tous les blessés seront récompensés par Allah. »
Immédiatement après le discours d'Abbas, les Palestiniens ont multiplié les attaques terroristes au couteau, à l'arme à feu ou à la voiture bélier.
Les Palestiniens qui ont entrepris d'assassiner des Juifs à l'appel de leur président croyaient défendre leur mosquée en repoussant les "pieds immondes" des Juifs.
Mais en assassinant des dizaines de Juifs pour le salut de leur mosquée, les terroristes ont profané eux-mêmes le caractère sacré de la mosquée al Aqsa.
Ils ont profané la mosquée en invoquant son nom pour justifier une série de meurtres contre des Juifs innocents.
Le petit nombre de Juifs qui ont visité pacifiquement la zone extérieure du mont du Temple au cours des dernières années n'ont même jamais mis les pieds à l'intérieur de la mosquée al Aqsa ni sur le Dôme du Rocher situé à proximité.
Les visiteurs juifs n'y vont pas pour agresser ou humilier les musulmans. Ils s'y rendent dans le cadre de circuits organisés en coordination avec les autorités israéliennes.
Si quelqu'un est agressé, harcelé et avili, ce sont les visiteurs juifs. Des vidéos de Palestiniens vociférants qui insultent les visiteurs juifs circulent depuis des années sur les réseaux sociaux. A de nombreuses reprises, les Palestiniens ont tenté d'agresser physiquement les visiteurs juifs.
Les protestations palestiniennes contre d'éventuelles profanations de lieux saints islamiques ont surgi au moment même ou des Palestiniens ont vandalisé le tombeau de Joseph dans la ville palestinienne de Naplouse.
Le site, qui selon la tradition juive abrite la tombe de Joseph, éminente figure biblique, a été attaqué et vandalisé à deux reprises par des émeutiers palestiniens la semaine dernière.
Des Palestiniens avaient déjà, à de multiples reprises, attaqué et endommagé le tombeau de Joseph. Certains articles de presse ont affirmé que l'Autorité palestinienne avait promis de contribuer à la rénovation du site, mais en réalité c'est l'armée israélienne qui a dû envoyer des effectifs importants pour réparer les dégâts.
Les Palestiniens ont ciblé le Tombeau de Joseph pour une seule raison : empêcher les Juifs de venir y prier. Deux Juifs religieux qui souhaitaient se rendre sur le site après les actes de vandalisme ont été accueillis par des balles et ont été blessés.
La vandalisation du tombeau de Joseph et la volonté d'empêcher les juifs d'y accéder définissent parfaitement ce qu'est la profanation d'un lieu saint, par opposition aux visites pacifiques des juifs sur le mont du Temple et par comparaison avec le libre accès des musulmans à toutes leurs mosquées de Jérusalem.
La communauté internationale, quant à elle, continue d'ignorer la profanation des lieux saints par les Palestiniens. Des journalistes rapportent comment des policiers israéliens ont "fait une descente" dans l'enceinte de la mosquée Aqsa vendredi matin, sans préciser que des émeutiers palestiniens avaient stocké des pierres et des barres de fer dans la mosquée quelques heures auparavant.
Accuser les Juifs de profaner les lieux saints est un moyen d'inciter les Palestiniens à commettre des attentats terroristes, mais aussi une tentative d'ameuter tous les musulmans contre Israël. Les fausses accusations encouragent l'antisémitisme et enflamment les ennemis d'Israël partout dans le monde, à commencer malheureusement, par les campus américains.
Tout cela se produit alors que l'administration Biden ignore avec désinvolture les accusations de crime rituel et les dénonciations diffamatoires portées contre Israël et les Juifs. Lors d'une récente visite à Ramallah, la capitale de facto des Palestiniens, Antony Blinken, secrétaire d'État américain, a déclaré :
« Nous ferons tout pour empêcher chaque côté d'alimenter les tensions. Cela passe par l'expansion des colonies, la violence de la part des colons, les démolitions de maisons, les expulsions, les salaires versés aux personnes reconnues coupables de terrorisme, les incitations à la violence. »
Pour Blinken, à l'évidence, la mise en chantier de nouveaux logements pour les Juifs est plus dangereuse que le meurtre d'Israéliens dans les villes israéliennes.
De même, rémunérer les terroristes qui tuent des juifs et inciter la population palestinienne à attaquer les Israéliens ne semble pas un motif suffisant à Blinken pour suspendre l'aide financière que les Etats Unis versent à l'Autorité Palestinienne.
Il faut garder cela en tête : tant que Blinken considérera que la construction de logements pour les Juifs représente une menace plus grave que les coups de feu et les coups de poignard dans les centres commerciaux et les bars des villes israéliennes, les Palestiniens ne cesseront pas de rémunérer le sang versé ni leurs incitations au meurtre.
Tant que l'administration américaine ne fera pas chèrement payer aux Palestiniens la rémunération des terroristes et de leurs familles, ceux-ci continueront à profaner les lieux saints ou à perpétrer leurs attentats terroristes.
Source : Bassam Tawil est un Arabe musulman basé au Moyen-Orient.
ET AUSSI
Israël : un député du Likoud menace les Palestiniens d’un nettoyage ethnique
C’est dans l’occupation et l’oppression qu’il faut rechercher les véritables causes des trois attaques qui en quelques jours se sont produites en Israël. Alors pourquoi la seule réponse d’Israël est-elle de rajouter de l’oppression ?
Source : Blog Jonathan Cook
Traduit par les lecteurs du site Les-CrisesTrois attaques palestiniennes distinctes et meurtrières dans des villes israéliennes en une semaine ont suscité une réponse prévisible. L’armée israélienne a déployé un grand nombre de soldats supplémentaires en Cisjordanie et autour de Gaza, des territoires palestiniens déjà soumis à des décennies d’occupation militaire brutale.
Mais le fait que, de manière inhabituelle, deux des attaques aient été perpétrées par des citoyens israéliens – membres d’une importante minorité palestinienne dont les droits sont sévèrement limités et inférieurs à ceux de la majorité juive – a considérablement augmenté les enjeux pour la droite israélienne.
Au total, 11 Israéliens sont morts dans les attaques perpétrées à quelques jours d’intervalle dans les villes de Beersheba, Hadera et Bnei Brak, une banlieue de Tel Aviv. Les forces israéliennes, à la gâchette facile, ont tué trois Palestiniens dans des incidents séparés jeudi, dans le sillage immédiat des attaques.
Ces attaques meurtrières ont été l’occasion pour Naftali Bennett, le leader d’extrême droite qui a arraché son poste de Premier ministre à Benjamin Netanyahu l’été dernier, de prouver sa crédibilité à la principale composante de son parti : les colons juifs déterminés à chasser les Palestiniens de leurs propres terres et à récupérer un prétendu droit de naissance biblique.
Dans une déclaration par vidéo, Bennett a déclaré à « quiconque possède un permis de port d’arme » – c’est-à-dire la très grande majorité des citoyens juifs – que « c’est le moment de porter votre arme ». Et comme si cela ne suffisait pas, il a poursuivi en annonçant que le gouvernement envisageait « un cadre plus large pour impliquer les volontaires civils qui veulent aider et être utiles. »
La violence de rue
Ce que cela signifie en pratique n’est pas difficile à déchiffrer. Il y a près d’un an, l’intensification des mesures prises depuis longtemps pour procéder à un nettoyage ethnique du quartier palestinien de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est occupée, est devenue l’un des éléments déclencheurs des pires violences intercommunautaires en Israël depuis au moins une génération.
Les citoyens palestiniens qui ont organisé des manifestations de colère se sont retrouvés non seulement confrontés à la répression attendue de la police paramilitaire israélienne, mais aussi ont dû faire face à la violence des foules juives d’extrême droite qui semblaient opérer en tandem avec les forces de sécurité israéliennes.
Pour la première fois, les dirigeants israéliens semblaient vouloir déplacer un élément clé de l’occupation à l’intérieur de la ligne verte. [La ligne d’armistice de 1949 ou frontière de 1967 est la ligne de démarcation entre les forces israéliennes et les forces arabes résultant des quatre accords d’armistice conclus en 1949 entre Israël et les États voisins — Syrie, Liban, Transjordanie et Égypte — à la fin de la guerre israélo-arabe de 1948, NdT]
Dans les territoires occupés, les colons armés agissent avec efficacité comme des milices, terrorisant les communautés palestiniennes voisines, sous le regard impassible, ou parfois assisté, de l’armée israélienne. Ils agissent comme le bras armé de l’État israélien, fournissant un démenti plausible aux responsables israéliens alors qu’ils se servent de la violence des colons.
L’objectif des colons et de l’État israélien est le même : chasser les Palestiniens de leurs maisons pour que les colons juifs puissent s’emparer des terres libérées.
Au printemps dernier, il est devenu plus difficile de dissimuler l’utilisation même de ce modèle en Israël. Le gouvernement israélien a semblé sous-traiter une partie de sa sécurité intérieure à ces mêmes colons fanatiques et violents, en leur permettant de se rendre sans aucune entrave dans les communautés palestiniennes à l’intérieur d’Israël. Là, ils se sont comportés en justiciers.
Ils ont saccagé des magasins palestiniens, scandé « Mort aux Arabes » et tabassé les citoyens palestiniens qui croisaient leur chemin. Dans le même temps, des politiciens israéliens de tous bords ont incité à la haine contre la minorité palestinienne.
Aujourd’hui, il semble évident que Bennett espère exploiter les trois attaques pour donner à cet arrangement antérieur un caractère plus formel.
Une milice, Barel Rangers, a ainsi déjà été constituée dans la région du Néguev, dans le sud d’Israël, là où l’un des attentats a eu lieu. Son fondateur, un ancien officier de police, a exposé son objectif dans un post sur les médias sociaux : « Lorsque votre vie est menacée, il n’y a que vous et le terroriste. Vous êtes le policier, le juge et le bourreau. »
Une autre milice a récemment été créée à Lod, une ville proche de Tel Aviv, qui a connu les pires violences en mai dernier.
Quand on joue avec le feu
L’appel de Bennett aux « volontaires civils » pour défendre l’État juif visait vraisemblablement à faire écho au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui a exhorté les civils ukrainiens à combattre l’armée russe d’invasion. Il se peut que dans le climat international actuel, Bennett espère qu’il n’y aura guère de critiques à l’encontre de milices juives agissant de la même manière.
Mais alors que Zelensky a appelé les Ukrainiens à combattre les envahisseurs étrangers, Bennett rassemble des milices pour attaquer les propres ressortissants de son pays, sur la base de leur appartenance ethnique. Il joue avec le feu, attisant une ambiance de guerre civile dans laquelle un camp, les Israéliens de confession juive, dispose des armes et des ressources de l’État, tandis que l’autre – la minorité palestinienne – est quasiment sans défense.
Ainsi, après la deuxième attaque récente dans la ville juive de Hadera mardi – par deux citoyens palestiniens – une meute qui scandait « Mort aux Arabes » s’est rassemblée.
Les conséquences éventuelle de cette situation ont été soulignées par un général de l’armée à la retraite, Uzi Dayan, aujourd’hui membre du parlement israélien pour le Likoud, le parti de Netanyahou. Il a mis en garde les 1,8 million de citoyens palestiniens d’Israël leur demandant de « faire attention ». Ils sont confrontés, a-t-il dit, à une nouvelle Nakba, ou Catastrophe – le nettoyage ethnique de masse qui a chassé les Palestiniens de leur patrie lors des opérations menées par les milices et l’armée israéliennes en 1948.
« Si nous en arrivons à une situation de guerre civile, tout se terminera par un mot et une situation que vous connaissez, qui est Nakba, a-t-il dit. C’est ce qui se passera à la fin ». Il a ajouté : « Nous sommes plus forts. Nous faisons preuve de retenue sur beaucoup de choses. » Le nettoyage ethnique associé à la Nakba « n’est pas allé à son terme », a-t-il ajouté.
Cette situation ne pourra pas être évitée par les citoyens palestiniens si c’est ce que veulent les dirigeants israéliens. Par crainte de représailles, de nombreux membres de la minorité ont eu peur de quitter leur maison, d’aller travailler ou de s’aventurer dans les zones juives – soit la majeure partie du pays –. Et ce, précisément parce que Bennett et Dayan représentent un vaste pan de l’opinion en Israël qui considère les Palestiniens – même les citoyens palestiniens – comme l’ennemi.
Les mesures de « retenues », dont parle Dayan, pourraient inclure non seulement une violence accrue soutenue par l’État, mais aussi des efforts visant à priver la minorité palestinienne de son statut de citoyen, même si celui-ci est très dégradé.
Depuis près de deux décennies, les dirigeants de l’extrême droite, tels Avigdor Lieberman, réclament des gages de loyauté et des politiques de transfert pour porter atteinte aux droits des citoyens palestiniens. La loi controversée sur l’État-nation de 2018 a érodé davantage ces droits. Le décor est déjà planté pour un nouvel assaut contre la citoyenneté.
Des lois racistes
Les attaques meurtrières menées par des membres de la minorité palestinienne d’Israël, comme les deux qui se sont enchaînés en peu de temps, sont rares. Elles sont invariablement le fait de ce qu’Israël appelle des « loups solitaires », des individus profondément découragées et marginalisés, et ne sont pas le fruit d’actions organisées par des mouvements palestiniens au sein d’Israël.
La minorité palestinienne a préféré utiliser les outils juridiques et politiques limités dont elle dispose afin de faire face à la discrimination et à l’oppression systématiques qu’elle subit et qui sont liées au fait de vivre en tant que population non juive dans un État juif autoproclamé.
Des dizaines de lois très ouvertement racistes ont été contestées devant les tribunaux, avec un succès minime toutefois. La minorité a de plus en plus fait pression sur la communauté internationale pour obtenir de l’aide, des appels qui ont mis Israël dans l’embarras.
Au cours de l’année écoulée, de plus en plus de groupes de défense des droits humains et de juristes ont déclaré qu’Israël était un État d’apartheid, tant dans les territoires occupés qu’en Israël même. La discrimination structurelle dénoncée par la minorité palestinienne a joué un rôle crucial pour aider ces organisations à parvenir à une conclusion aussi sévère.
Des dirigeants comme Bennett ont donc toutes les raisons d’essayer d’exagérer l’importance de ces attaques, suggérant comme il l’a fait cette semaine qu’elles font partie d’une nouvelle « vague de terreur ». Il a promis d’étendre le champ d’application des ordres de détention administrative draconiens – emprisonnement sans inculpation ou sans que les preuves soient rendues publiques – pour faire face à cette supposée vague.
Afin de rendre l’affaire plus crédible à ses yeux, les trois citoyens palestiniens impliqués dans les deux attaques – à Beersheba et Hadera – étaient très vaguement affiliés au groupe État islamique (EI).
Un grain de sel
Mais en réalité, si les trois auteurs semblent avoir eu une sympathie idéologique pour l’EI – l’un d’eux a même tenté sans succès de rejoindre un camp d’entraînement en Syrie en 2016 -– le groupe ne connaît aucune implantation significative au sein de la population palestinienne, que ce soit dans les territoires occupés ou en Israël.
Le rapprochement avec l’EI au sein d’une infime partie du public palestinien a atteint son apogée il y a cinq ans, lorsque le groupe paraissait pouvoir offrir un modèle de réussite pour renverser les tyrans arabes corrompus et moribonds de la région. Les échecs de l’EI et sa brutalité ont rapidement érodé même ce petit noyau de soutien.
Selon les évaluations, malgré son espionnage intensif et la surveillance des Palestiniens sur les médias sociaux, Israël n’a pu identifier que quelques dizaines de partisans d’EI, et ceux-ci se trouvent dans ses geôles. Même dans ces cas, la majorité d’entre eux sont détenus en raison d’une sympathie idéologique avec le groupe, et non en raison de liens tangibles.
Et de toute façon, l’EI n’a jamais exprimé d’intérêt pressant pour des attaques contre Israël. Une déclaration de 2016 indiquait clairement que le groupe donnait la priorité à la lutte contre les gouvernements musulmans qui avaient, selon lui, rompu avec les principes fondamentaux de l’islam.
En revanche, les factions palestiniennes islamistes s’engagent à libérer la patrie palestinienne, et non à tenter de réinventer un mythique âge d’or de la domination islamique unifiée au Moyen-Orient. Il s’agit de mouvements de libération nationale palestiniens, pas de djihadistes.
Ne serait-ce que pour cette seule raison, la revendication par l’EI de la responsabilité des deux attaques doit être prise avec précaution. Le groupe a intérêt à indiquer qu’il est impliqué dans les attentats, car ceux-ci ont coïncidé avec l’arrivée en Israël, la semaine dernière, des dirigeants de quatre États arabes – l’Égypte, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc – pour un sommet.
Ces États arabes – et d’autres qui attendent dans les coulisses – souhaitent faire d’Israël la cheville ouvrière d’un nouveau pacte de sécurité et de renseignement régional partagé, conçu pour prévenir les menaces pesant sur leur pouvoir, notamment une résurgence des Printemps arabes.
Pour les partisans de l’EI, cette initiative est une nouvelle humiliation et la preuve de l’illégitimité des autocraties arabes de la région.
Coup double
Ces attaques ont été perpétrées par des loups solitaires – et dans un des cas, par deux loups solitaires – de plus en plus désespérés, furieux et vindicatifs après des décennies d’oppression des Palestiniens par Israël, avec la complicité et la trahison des gouvernements occidentaux et arabes.
La poussée de rage des assaillants coïncide avec une partie du programme de l’EI. Mais dans leur cas, les racines sont bien plus profondes.
Dans ce qui s’est passé en Israël, les auteurs palestiniens n’ont eu nul besoin d’être endoctrinés par les dirigeants étrangers de l’EI pour mener à bien leurs attaques. Ils avaient suffisamment de raisons domestiques pour vouloir frapper, tout comme le « loup solitaire » palestinien de Cisjordanie qui a perpétré un troisième attentat près de Tel Aviv, mais qui lui, n’avait aucun lien avec l’EI.
Des décennies de régime militaire brutal dans les territoires occupés et de discrimination et d’oppression systématiques à l’intérieur d’Israël en sont les véritables causes.
On ne peut pas non plus ignorer le double coup porté par Israël contre la partie la plus pieuse de la minorité palestinienne d’Israël.
En premier lieu, le parti religieux le mieux organisé et le plus avisé sur le plan politique en Israël, le Mouvement islamique du Nord dirigé par le cheikh Raed Salah, a été mis hors la loi en 2015. Les critiques israéliens, même au sein de l’establishment sécuritaire, ont averti à l’époque que cette mesure pousserait une partie de la contestation islamique dans la clandestinité et encouragerait un plus grand extrémisme.
Ensuite, son rival, le Mouvement islamique du Sud, dirigé par Mansour Abbas, s’est allié à Bennett l’été dernier pour chasser Netanyahu du pouvoir. Le parti d’Abbas est devenu le premier à rejoindre un gouvernement israélien, en échange de quelques miettes accordées par l’extrême droite.
Ces deux faits ont privé les musulmans fervents qui s’opposent à l’occupation israélienne et à la suppression des droits des Palestiniens de tout moyen sérieux et légitime de contestation. On les a privés de tout pouvoir et on les a humiliés – des conditions idéales pour inciter une frange de la population à organiser des attaques violentes comme celles de ces derniers jours.
Et pour couronner le tout, le parti d’Abbas soutient un gouvernement qui a autorisé cette semaine Itamar Ben Gvir, un législateur violemment anti-palestinien, à visiter le site sacré musulman d’al-Aqsa à Jérusalem en étant sous protection lourdement armée. Ben Gvir veut que l’esplanade des mosquées passe sous souveraineté juive.
Une leçon malavisée
Il y a là une leçon qu’Israël ignore délibérément, tout comme les États occidentaux qui lui servent de protecteurs.
Si on traite les populations avec une violence structurelle, si on les prive de leurs droits, si on les rabaisse et les humilie, et si on leur refuse une voix concernant leur avenir, alors il ne faut pas être surpris – et encore moins se draper dans une attitude moralisatrice – quand parmi elles, certains répliquent en déchaînant leurs propres formes de violence à votre encontre.
La leçon malavisée et égocentrique qu’Israël va en tirer – comme c’est le cas depuis des décennies – est que la seule bonne réponse consiste en une plus grande violence, une plus grande humiliation et une demande accrue de soumission. L’oppression continuera, et la résistance en fera tout autant.
Le soutien illimité de l’Occident à Israël, et aux autocraties arabes qui s’acoquinent maintenant ouvertement avec Israël, a un coût. Faire abstraction de la sauvagerie de l’EI peut être rassurant. Mais cela n’empêchera ni la pression de monter – ni l’explosion de se produire.
Jonathan Cook est l’auteur de trois livres sur le conflit israélo-palestinien et lauréat du prix spécial de journalisme Martha Gellhorn.
Source : Jonathan Cook, 05-04-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises