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28/11/2023

ISRAÊL / LE HAMAS : LE PROBLÈME DE L' ÉQUIVALENCE MORALE .......;

24/11/2023

ISRAËL VA CRÉER LE "GRAND ISRAËL " DU JOURDAIN À LA MÉDITERRANÉE .........

Colonel MacGregor : La « priorité absolue » pour Israël est de rendre Gaza « invivable » et d'expulser tous les survivants

“L’idée est désormais de rendre impossible le retour à Gaza de quiconque y vivait auparavant”, a déclaré le Colonel américain Douglas MacGregor.

Cela fait partie d’une opération étendue destinée à étendre les frontières d’Israël « du Jourdain jusqu’à la Méditerranée ».

Selon une évaluation du colonel américain à la retraite Douglas Macgregor, les bombardements israéliens continus sur Gaza n’ont pas pour objectif principal de libérer des otages ou de détruire le Hamas, mais de parvenir à la destruction complète de la petite bande et à l’expulsion de la population civile totale de 2,4 millions de personnes.

 « Gaza va être rasée. »

Les bombardements et les incursions continus d’Israël dans l’enclave sont officiellement une réponse à une attaque sans précédent du 7 octobre perpétrée par le Hamas. À la suite des affrontements de ce jour-là, Israël a fait état d’environ 1 200 morts (dont 31 enfants) et d’environ 5 400 blessés, même s’il reste difficile de savoir combien de ces morts et blessés ont été causés par des tirs amis de l’armée israélienne elle-même.

En raison des pannes des réseaux de communication dans la bande assiégée, les chiffres suivants ne représentent que ce qui a été rapporté jusqu’au 16 novembre. Ceux-ci incluent 12 012 Palestiniens tués ( 4 900 enfants, 3 027 femmes, 678 personnes âgées), 215 tués en Cisjordanie occupée  et des blessés dont 32 300 à Gaza et 2 811 en Cisjordanie.

En outre, 6 500 Palestiniens, dont 4 400 enfants, sont portés disparus, probablement enterrés ou piégés sous les décombres, et environ 1,7 million de personnes ont été déplacées à Gaza.

En termes d’échelle, Israël a tué plus de Palestiniens depuis le 7 octobre qu’au cours des 22 années précédentes réunies. De plus, ils ont tué beaucoup plus de civils en 45 jours que la guerre russo-ukrainienne n’en a fait en vingt mois ( 9 701 ).

En outre, interrogé sur les récentes attaques des forces israéliennes contre des hôpitaux palestiniens, le Colonel MacGregor a déclaré que la destruction de ces installations était « un précurseur de ce qui se prépare à tous les niveaux ».

L’idée est désormais de rendre impossible le retour à Gaza de quiconque y vivait auparavant. « Je pense que c’est l’opération, et je pense que cette mission va probablement être accomplie ».

Cependant, de la même façon que l’Occident a sous-estimé la détermination de la Russie face à l’Ukraine au début de l’année dernière, le colonel à la retraite pense également qu’Israël pourrait agir avec témérité sans savoir si des puissances régionales telles que la Turquie, la Jordanie et le Hezbollah au Liban riposteront réellement pour arrêter l’effusion de sang.

« Ils misent énormément sur nous [les États-Unis], évidemment, sur le fait que nous sommes leur filet de sécurité et que notre présence au large et dans la région avec une puissance aérienne et navale suffira à persuader les différents acteurs de la région de ne rien faire. rester les bras croisés et regarder les 2,4 millions d’habitants de Gaza être soit tués, soit chassés de Gaza », a-t-il déclaré.

Créer un « grand Israël » depuis le fleuve Jourdain jusqu’à la Méditerranée

Même s’il est vrai que ces nations ne sont pas intéressées par la guerre, MacGregor souligne : « elles ne sont pas idiotes » et reconnaissent certainement « qu’il s’agit de la première étape d’une opération en plusieurs étapes conçue pour créer un « grand Israël » depuis le fleuve Jourdain jusqu’à la Méditerranée. Ils le savent. Les Israéliens l’ont abondamment expliqué depuis de nombreuses années.

Ce n’est pas un secret. Maintenant, cela se produit. »

Selon l’historien israélien Benny Morris, l’idée d’expulser tous les Arabes du pays « est aussi ancienne que le sionisme moderne et a accompagné son évolution et sa pratique au cours du siècle dernier ».

En effet, à la fin des années 1930, David Ben Gourion, qui devint le premier Premier ministre d’Israël, déclarait : « Après la formation d’une grande armée à la suite de la création de l’État, nous abolirons la partition et nous étendrons à l’ensemble de la Palestine. » I

l a ensuite déclaré en 1941 : « il est impossible d’imaginer une évacuation générale [de la population arabe] sans contrainte, et sans contrainte brutale ».

En 1947-48, ce projet a véritablement démarré lorsque les forces juives ont contraint plus de 700 000 Palestiniens à fuir pour sauver leur vie, abandonnant leurs maisons, leurs terres et leurs moyens de subsistance. L’armée sioniste leur a alors interdit de revenir.

Ces personnes, avec leurs descendants, représentent désormais plus de 5,9 millions de réfugiés répartis à Gaza (70 % de la population totale), en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie, avec le droit de retourner dans leur pays reconnu par le droit international.

Selon le Colonel MacGregor, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contrôle totalement cette opération et est convaincu que le moment est venu de détruire Gaza, l’administration Biden ne s’opposant pas concrètement à ce que des groupes tels que Jewish Voice for Peace identifient comme étant le crime de génocide contre le peuple palestinien.

Alors que MacGregor estime que l’administration Biden devrait mettre « un terme au massacre » en retirant le soutien américain, il pense qu’« ils vont maintenir le cap et essayer de donner aux Israéliens le temps d’anéantir Gaza en tant qu’espace de vie pour le peuple palestinien et essayer de rassembler tous ceux qui survivent en Égypte ou ailleurs.

L’ancien combattant s’attend à ce que les puissances régionales entrent dans la mêlée pour défendre les civils impuissants à Gaza, et à ce stade, les Israéliens ont brûlé « tous les ponts derrière eux dans la région. »

 

Pari risqué pour la survie d’Israël

Après la destruction de Gaza, « il n’y a plus aucune voie à suivre. Et à un moment donné, et je ne peux pas prédire quand, la région se soulèvera et Israël aura du mal à y survivre. »

« Quelqu’un a dit : « Si tu veux te venger, tu ferais mieux de creuser deux tombes ». Et je pense que c’est là le problème des Israéliens », explique le colonel. « J’ai peur qu’ils tuent la solution à deux États et qu’ils essaient de creuser une seule tombe. Ils ne se rendent pas compte qu’ils en creusent un autre, et elle est pour eux. »

 

Il a ensuite encouragé tous les Américains à regarder un discours du roi Abdallah de Jordanie, dans lequel le monarque condamne la violence contre tous les civils à Gaza, en Cisjordanie et en Israël, tout en soulignant que la punition collective infligée à 2 millions de personnes est inacceptable, tant au regard du droit international que pour des raisons humanitaires.

« Mise en place de politiques génocidaires »

Mardi, l’ancien capitaine du Corps des Marines des États-Unis Matthew Hoh, directeur associé du réseau médiatique Eisenhower et ancien fonctionnaire du Département d’État américain, a souligné qu’actuellement à Gaza, le monde « est témoin d’un nettoyage ethnique » avec « la mise en place de politiques génocidaires ».

Cela inclut « l’éradication délibérée d’un peuple… et de toute infrastructure qui permettrait aux gens de vivre », ce qui équivaut à un « déplacement forcé » et à des « crimes de guerre s’ajoutant aux crimes de guerre » qui sont « renforcés par la rhétorique génocidaire » émanant du pays, de la part d’éminents Israéliens démontrant clairement « l’intention génocidaire ».

« Ce qu’ils disent est clair et cela correspond à ce qu’Israël fait à Gaza en termes de campagne délibérée de massacres, de destruction d’infrastructures et de migration forcée », a-t-il déclaré.

Le journaliste Max Blumenthal a récemment affirmé dans une interview du 17 novembre que ce qui se passe en Israël est « un mouvement politique fondamentalement génocidaire et une société génocidaire ». « La société israélienne est prête au génocide », a-t-il déclaré. “Je ne pense pas qu’Israël s’arrêtera avant de croire qu’il a terminé le travail qu’il a commencé en 1948.”

Par Pierre-Alain Depauw

21/11/2023

ETHNOCIDE AU MALI ! HEUREUSEMENT LES FRANÇAIS SONT PARTIS JETÉS COMME DES MALPROPRES !.......

[Enquête]

Ethnocide des Touareg et des Peuls en cours au Mali : les victimes de Wagner témoignent

Au Mali, un double ethnocide est en cours, opéré par Wagner et ordonné par Bamako. Témoignages glaçants de survivants Touareg et Peuls.

Source : image générée par IA

 
Publié le 20 novembre 2023
 

Le Mali du colonel Assimi Goïta est devenu une colonie de Moscou.

Depuis bientôt deux ans, le groupe Wagner, bras armé de l’impérialisme russe en Afrique, y sème la terreur et ne cesse de monter en puissance.

Ses actions destructrices ont des conséquences désastreuses pour la stabilité des pays du golfe de Guinée, du Maghreb et du sud de l’Europe.

Cet article représente le premier volet d’une enquête au long cours destinée à être publiée en 2024 sous une forme beaucoup plus exhaustive.

L’actualité récente de la prise de Kidal par les terroristes de Wagner le 14 novembre dernier m’a conduit à bouleverser mon calendrier pour sensibiliser le grand public au sujet d’un double ethnocide qui a lieu en ce moment même au sud des frontières européennes, dans le grand voisinage de l’Europe.

 

Pourquoi enquêter sur les victimes de Wagner au Mali

Depuis le retrait de la force Barkhane, le régime putschiste installé à Bamako s’appuie sur le groupe paramilitaire russe Wagner pour se maintenir au pouvoir et régler des comptes historiques avec deux groupes ethniques : les Peuls et les Touareg.

Moura, Hombori, Logui, Tachilit, Ber, Ersane, Kidal, Tonka… ces noms de lieux sont devenus synonymes de carnages pour des milliers de civils issus de ces deux ethnies.

Tout se passe exactement comme si le régime d’Assimi Goïta avait planifié et mis en œuvre le massacre systématique de tout individu targui et peul. Hommes, femmes et enfants sont ciblés sans distinction, pourvu qu’ils soient des Touaregs ou des Peuls.

Ces six derniers mois, j’ai pris contact avec des centaines de victimes de Wagner pour recueillir leurs témoignages.

Ces témoins sont majoritairement des hommes originaires de Tessalit, Tombouctou, Gossi, Gao, Kidal et Ménaka, communes du nord du Mali qui étaient sécurisées par l’armée française jusqu’en 2021/2022.

La plupart d’entre eux ont fui leurs villes et leurs villages pour se réfugier dans des pays limitrophes en Afrique de l’Ouest (Mauritanie, Niger), en Afrique du Nord (Tunisie, Algérie) et même en Europe du Sud (France).

Ceux qui sont restés vivent dans l’épouvante au quotidien. Tous sont polytraumatisés. Leurs récits nous renseignent sur les méthodes sanguinaires de l’impérialisme russe en Afrique.

Les citations rapportées sont directes, il n’y a aucune reformulation. J’ai aussi laissé les fautes d’orthographes, lorsqu’elles proviennent de témoignages écrits.

Les prises de parole que j’ai retranscrites ou restituées ici émanent toutes d’individus qui ont pris des risques en dialoguant avec moi et en acceptant que leurs récits soient publiés. Il ne s’agit que d’une petite partie des témoignages que j’ai recueillis. Je n’ai volontairement donné aucune indication précise sur les identités et les lieux de vie des témoins, pour ne pas les exposer ni exposer leurs familles à des représailles certaines.

 

Exécutions sommaires, tortures, pillages, viols : récits des premiers actes commis par les Wagner à leur arrivée dans des communes peuplées de Peuls ou de Touareg

Les Wagner dominent par la terreur. Les témoignages de leurs arrivées dans une commune Peule ou Targui comportent de nombreuses récurrences sur leurs modes opératoires.

De nuit ou de jour, ils commencent par épouvanter la population locale en tuant des innocents sous couvert de lutte contre le terrorisme.

Ensuite, ils détruisent les ressources locales et procèdent à des pillages et à des viols :

« Le jour de leur arrivée ils ont commencé par exécuté 9 personnes dont 3 vieux et 2 enfants. Les autres jours ils entrent dans les maisons pillent les commerces , chaque [jour] ils abattent parmi nos animaux pour leur cuisine. »

« Ils sont venus avec les militaires maliens. Sans chercher à comprendre, ils ont tués des innocents. Ça a été tellement rapide ! Les hommes ont été envoyés loin du village, ensuite les femmes ont été choisies comme des mangues au marché, uniquement pour nous violer.

J’ai été violée par 5 hommes pendant 2 h de temps . Mon époux était parmi les personnes tuées. »

« Ils sont venus chez nous après une attaque contre l’armée malienne. Suite aux interrogations, ils ont amenés 14 personnes, des peuls, Touaregs et arabes et jusqu’à présent personne d’entre eux n’est jamais revenu.

Bientôt un an Sans aucune nouvelle d’eux. Ils ont des familles, des épouses et des enfants.

C’est vraiment déplorable. »

« Ils sont rentrés dans mon village pendant le jour du foire hebdomadaire avec des hélicoptères et chasseurs de DJENNÉ sur les motos , ils ont cernés le village, commencé a tiré sur tout le monde au marché.

Ceux qui ont fuit pour se réfugier dans la brousse ont croisés les chasseurs et Wagner et militaires, ils ont été tués immédiatement.

Ceux qui se sont réfugiés au village ont été capturés vivants, brûlés vivants sans motif.

Chez nous, l’état avait abandonné le lieu pendant 9 ans , tout le monde était sous Influences des djihadistes. Au lieu de nous protéger, ils ont tués des gens comme des animaux. Après avoir tués les gens, ils ont tout pillé et abandonnés les corps dans la brousse et dans les rues.

C’était désastreux ! Ceux [Ce] qu’ils disent à la télé n’est que la moitié du nombre de personnes tuées. »

« Quand les wagner sont tombés dans une embuscade sur la route principale de niono , après qu’il y’a eu des morts parmi eux , un convoi s’est dirigé à Ségou pour amener les blessés à l’hôpital et dépose les cadavres a la morgue et le second convoi s’est dirigé dans notre village. Ils ont fait une descende musclée chez un marabout peul qui enseigne les élèves coraniques, après avoir rentré , ils n’ont parler à personne.

Ils ont fait le tour de la maison , fouiller les chambres et finit par enlevé 4 élèves coraniques ,tous des peuls , j’ai grandi avec eux au village.

Deux ont été amenés à Ségou jamais retourner, et les corps sans vies de deux autres abonnés à la sortie de la ville. C’était la PANIQUE au village. »

« Lorsqu’ils sont venus chez nous , ils disaient que notre communauté informait les djihadistes mais c’était faux.

Tous les jeunes et vieux ont été ramenés a 3 km de la ville , pour poser des questions que nous n’avons pas eu de réponse . Ils demandaient pourquoi nous informait les djihadistes ?

Nous avons répandu que nous ne connaissons pas de djihadistes. Ils ont tiré avec une arme sur les pieds de 3 personnes dont un a succombé après quelques jours, un à perdus son pied et le troisième n’est toujours pas guéri.

Ils m’ont frappé avec un bâton, j’ai des cicatrices sur ma tête actuellement. Après leurs auditions, ils n’ont pas laissé un seul animal, ils ont tous pris ».

« Mon ami tamachec à été tué chez lui et sa femme à été violée par les hommes de Wagner.

Il n’a rien fait, son seul tord est d’être né avec la peau blanche. Ils l’ont soupçonné d’être en contact avec les djihadistes. C’était faux. »

« Après avoir été attaqués par les djihadistes qui a causés des pertes de vies dans leur rang ,

ils sont venus pour se venger des peuls sans motif .

Brûlés nos champs, nos maisons et emportés nos animaux. »

« Wagner est arrivé dans mon village, ils cherchaient quelqu’un qui avait été indiqué mais absent depuis 6mois.

Après avoir finit de questionnés les Villageois, ils voulaient amenés les femmes dans une maison et les violés. Quand nous nous sommes opposés, ils ont abandonnés l’idée en s’attaquant aux jeunes pourqu’ils disent s’ils ont vues l’intéressés.

Moi étant le fils du chef de village, ils m’ont amené en brousse, me torturé et me laisser pour mort et continue leur route.

Trois jours plutard, nous avions appris qu’ils arrivent, nous avons fuit en laissant tout derrière nous. Ils sont rentrés au village avec les militaires maliens et brûlés le village. »

« Lorsqu’ils sont venus chez nous, ils nous ont d’abord demander de nous écarté des animaux. c’etait en brousse ! Lorsqu’ils ont commencés à poser des questions, l’un d’entre nous par peur à voulut s’enfuir, et sans hésiter,

ils l’ont tirer à bout portant au dos. Il est mort sur place. Ensuite ils ont demandé à mon frère aîné Mohamed  [le prénom a été changé] de se déshabiller, lui voulait savoir pourquoi, ils ont mis une balle en tête.

Je tremblait jusqu’à ce que j’ai pissé sur moi. Ils ont embarqué tous les animaux, et me mettre une balle au pied droit.

Comme ce n’était pas loin de la ville, je me suis débrouillé Pour rentré en ville, mais j’avais perdu tellement de sang que je me suis évanoui et me réveiller à l’hôpital. Nos parents ont enterrés les corps. »

« Ma Femme à fait une fausse couche et elle a perdue notre bébé de 4 mois.

Plusieurs personnes ont été blessés parce qu’elles voulaient au moins récupéré leurs bien dans les maisons qui étaient entrain d’être brûlés par les Wagner »

 

Vivre sous le joug de Wagner : « la peur est devenue notre quotidien »

Avant l’arrivée de Wagner, les témoins que j’ai interrogés avaient une profession ou étudiaient. Ils étaient bergers, commerçants, comptables, réparateurs de motos, vendeurs en boutique, transporteurs, gardiens, étudiants.

Aujourd’hui ils ont perdu leurs emplois et leurs ressources. Les étudiants ne vont plus à l’université. Leurs familles sont détruites : ils ont vu des proches se faire assassiner, violer, torturer.

Certains éduquent les « bébés Wagner », ces enfants qui sont nés après les viols.

Voici comment ils décrivent leur quotidien :

« Je n’ai plus de vie, je n’arrive pas à faire enlever les mauvais souvenirs en tête. J’ai vu mes parents et amis brûlés vivants par les hommes blancs, militaires maliens et chasseur. »

« Toujours dans la peur de se faire massacrer. Les Wagner tuent des gens partout où ils passent. »

« Les mercenaires ont changé notre train de vie, Tu ne peux plus penser à voyager à l’intérieur de la Région sans que tu ne crains pour ta vie, ils sont devenu les cauchemar des populations depuis leurs arrivés à Ber dans la région de tombouctou »

« Ma vi cest la dépression, des sentiments de nostalgie, la souffrance psychique »

« L’élément majeur c’est l’asile de tous mon village en Mauritanie. »

« Nous avons souffert de l’expulsion de nos familles vers des camps de réfugiés par peur de l’oppression financière et de l’oppression de Wagner. Nous avons perdu nos emplois, nos villes et nos vies auxquelles nous étions habitués, tout comme nos enfants ont perdu leur éducation. »

« A cause de wagner, notre communauté à été obligée de fuir. Nous sommes victimes de racisme sans nom par ce que nous sommes des Touaregs. »

« L’image de la Scène est toujours devant mes yeux. Mon meilleur ami et collaborateur à été tué et sa femme violée. C’est terrible ! »

« Nous n’avons plus de travail, animaux et maisons à cause de Wagner. Ils ont bafoués notre dignité en Violant nos sœurs et épouses sous nos yeux »

« Ils m’ont pris des amis et à cause d’eux les peuls de notre village qui ont cohabiter avec nous pendant plusieurs générations ont fuit. Ce n’était pas des djihadistes. »

« Ils nous ont tout pris. Celui qui brûle ton village t’a humilié et détruit ta vie. »

« Ils m’ont rendus rancunier et fou. »

« Wagner à détruit notre avenir. Jamais nous ne pardonnons »

 

Les victimes de Wagner accusent la Russie et la junte de Bamako

J’ai demandé à tous les témoins que j’ai consultés si pour eux, la Russie était responsable des actions de Wagner.

Bien que les sociétés militaires privées soient interdites en Russie, le groupe Wagner a bien été créé pour servir les intérêts de Moscou de façon officieuse.

Cette ambiguïté n’existe plus depuis que le président Poutine a signé un décret contraignant les groupes paramilitaires à jurer « fidélité » et « loyauté » à l’État russe, deux jours après la mort du chef du groupe Wagner Evgueni Prigojine.

Il restait à savoir si elle subsistait sur le terrain. Elle n’existe pas.

Les victimes de Wagner accusent la Russie et la junte de Bamako d’être responsables de la terreur qu’elles endurent. Certains témoins ont été informés du rattachement officiel du groupe Wagner à l’État russe publicisé en août 2023.

D’autres n’ont tout simplement jamais fait la différence entre les deux :

« La Russie est le premier responsable mais surtout le gouvernement malien. »

« Oui le premier responsable c’est la Russie qui veut transférer sa guerre géopolitique contre l’Occident sur notre territoire, une guerre qui ne nous profite en aucun cas. Le kremlin influence beaucoup sur la gestion du pouvoir au mali »

« Bien sûr récemment avec l’actuel réorganisation de l’organisation après la mort de Prigojine. »

« malheureusement, Wagner est la main de la Russie en Afrique et en est responsable. »

« La politique étrangère de Moscou est lamentable et par ailleurs la Russie y sera toujours pour quelques choses »

« Oui parce que ce sont des russes »

 

« Pas d’avenir autre que la mort » : quel futur pour les Peuls et les Touareg au Mali ?

Pas une victime de Wagner ne pense que justice lui sera rendue. Les témoins ne font état d’aucun espoir et n’envisagent aucune issue à la situation actuelle, si ce n’est l’exil (lorsque c’est possible) :

« L’avenir est vraiment ambigu, très effrayant et sombre. Nous ne pouvons rien attendre de l’horreur de ce que nous voyons et de ce que nous voyons d’injustice et de tyrannie et du silence du monde sur ce qui se passe. »

« Un avenir incertain et plein d’embûches avec la volonté de la junte à faire la guerre utiliser ses drones contre le Peuple Touaregs et peulhs »

« Aujourd’hui l’avenir pour nous est incertain, il est presque sans issue. Je n’ai pas de travail. »

« Nous avons besoin d’assistance sur le plan sécuritaire car le Mali le Niger et le Burkina ce sont donner la main pour tuer tout ceux qui ne sont pas avec eux au sahel »

« L’avenir est incertain, nos maisons sont brûlés et nous n’avons plus de boeuf. »

« Je ne crois plus à l’avenir. J’ai besoin que mes enfants étudient et avoir une vie meilleure »

01/11/2023

GÉOPOLITIQUE : MACRON AU KAZAKHSTAN ! DES ENJEUX STRATÉGIQUES ........

 

 

Emmanuel Macron en visite au Kazakhstan pour renforcer les partenariats stratégiques

par

Emmanuel Macron vient d’atterrir ce matin à Astana, capitale du Kazakhstan.

Cette visite était particulièrement attendue, car la dernière venue d’un président français dans le pays remonte à François Hollande, en 2014.

Depuis 1992, France et Kazakhstan entretiennent d’excellentes relations, un partenariat qui se renforce à mesure que les enjeux énergétiques s’intensifient.

Le Kazakhstan est le premier pays producteur et exportateur d’uranium dans le monde.

Ce métal est notamment vital à l’industrie nucléaire, principale préoccupation énergétique française.

Jusqu’à présent, les 56 réacteurs nucléaires de l’hexagone étaient alimentés à hauteur de 20% par l’uranium importé depuis le Niger. Mais le coup d’État de juillet dernier à Niamey suscite beaucoup d’inquiétudes.

Les sanctions internationales qui pèsent sur le pays limitent les importations. Mais en plus, le nouveau gouvernement du Niger considère l’extraction d’uranium par la France comme le sceau de son néocolonialisme.

Aux abois dans la région, la France, qui veut renforcer son parc nucléaire, doit combler ce lourd déficit. Et c’est au Kazakhstan qu’elle vient trouver la solution

. Ce pays d’Asie centrale est déjà le premier exportateur d’uranium en France (27%), et possède 12% des ressources planétaires.

 

Emmanuel Macron vient renforcer les partenariats énergétiques

Le cours du pétrole, si susceptible aux évènements géopolitiques du Proche-Orient, et dont les variations des taux sont ressenties immédiatement dans la rue, a besoin de stabilité.

La France mise sur l’équilibre de l’Asie centrale pour tranquilliser ses automobilistes.

Le Kazakhstan est ainsi le deuxième fournisseur de pétrole brut en France. Les entreprises françaises du secteur sont d’ailleurs très actives dans le pays.

Par exemple, Total Énergies détient une participation de 16,81% dans l’accord de partage de production de pétrole au nord de la mer Caspienne.

Soutenir les intérêts économiques

En plus de ces nécessités énergétiques, pas moins de 170 entreprises françaises sont implantées dans le pays. Plusieurs fleurons de l’industrie française sont prêts à signer d’importants contrats avec le Kazakhstan.

Trois principaux dossiers sont surveillés de près. Le premier concerne le développement de réacteurs pour une future centrale nucléaire au Kazakhstan.

Ce projet inclut la conception, la construction, la numérisation des systèmes électriques et l’assainissement de l’ancien site d’essais nucléaires de Semipalatinsk. EDF se montre très intéressée.

En matière de transition énergétique, Astana envisage de construire une centrale éolienne dans le sud du Kazakhstan. Un appel d’offres auquel les entreprises françaises ne manqueront certainement pas de participer.

Le troisième dossier concerne plusieurs projets de production de gaz industriels pour les besoins des raffineries kazakhstanaises. Air Liquide se charge de les mettre en œuvre.

Il est également question que le Kazakhstan propose un contrat à l’Agence française de développement (AFD).

Astana attendrait notamment une aide pour le développement d’un système socio-économique moderne, ainsi que la construction d’instituts de recherche.

Décrocher de tels contrats participe à la puissance économique de la France, et contribue directement à son rayonnement dans une région en plein essor.

Derrière les intérêts énergétiques et économiques, les enjeux stratégiques

 

Géostratégiquement, le Kazakhstan se pense comme une plateforme du monde.

Partageant 7 500 kilomètres avec la Russie et plus de 1 700 kilomètres avec la Chine, le pays est géographiquement le mieux placé pour discuter avec ces deux puissances.

Ses exportations énergétiques vers la Russie et son point de passage des nouvelles routes de la soie chinoises font de lui un interlocuteur crédible. Si le Kazakhstan est le lieu prometteur pour la projection économique de la France à l’étranger, il est aussi le modérateur idéal dans les relations avec la Russie et la Chine.

Emmanuel Macron y est particulièrement sensible, lui qui ambitionne sans cesse de renforcer le poids de la France dans les relations internationales.

Sans doute vient-il donc chercher la diplomatie du président kazakhstanais, Kassim-Jomart Tokaïev.

Le Kazakhstan est aussi géographiquement positionné à la croisée des civilisations. La frontière de l’Iran chiite n’est qu’à 350 km et ouvre sur le monde arabo-musulman. À majorité musulmane, le Kazakhstan doit néanmoins composer avec les 40 religions qui cohabitent dans le pays.

À ce sujet, il organise le plus grand dialogue interreligieux. Là aussi, il est considéré comme un médiateur.

La question palestinienne qui fait toute l’actualité du moment gagne le monde musulman. Le discours panislamiste du Hamas trouve son écho dans les communautés musulmanes d’Europe, et la temporisation des grands pays musulmans, prisonniers de ce discours, n’y pourra pas grand-chose.

La France craint de manière réaliste une importation du conflit sur son propre territoire.

Là aussi, Emmanuel Macron vient sans doute chercher l’appui modérateur du Kazakhstan en tant que pays à majorité musulmane, pour endiguer un conflit religieux.

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À propos de l’auteur
Helena Voulkovski

Helena Voulkovski

Helena Voulkovski travaille sur les risques pays pour un cabinet international d’assurances.
 
 
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Le Kazakhstan, un « Hercule au berceau »

31 octobre 2023

 

Le Kazakhstan, un « Hercule au berceau »

par

Première puissance économique de l’Asie centrale, le Kazakhstan possède d’immenses ressources énergétiques, convoitées par ses puissants voisins, la Russie et la Chine, mais aussi l’Europe.

Ce pays en pleine transformation est en passe de devenir une zone géostratégique majeure.

Que connaît-on du Kazakhstan ? Ce territoire, grand comme cinq fois la France, neuvième pays du monde par sa superficie, est quasiment absent de nos imaginaires.

Pour nombre d’entre nous, il n’est que l’un des cinq « pays en -stan » de l’ex-République soviétique en Asie centrale, elle-même perçue comme un ventre mou coincé entre la Russie et la Chine. Mais la chute de l’URSS a libéré l’ambition d’une jeune nation aux origines lointaines, en pleine transformation politique et sociale.

Un pays méconnu

Ce socle continental aux horizons sans fin peut étourdir le voyageur européen, habitué aux minuties des marqueteries cadastrales. Il y découvre une population aux traits asiatiques, qui parle russe et est en majorité musulmane ; une nation où l’héritage soviétique est prégnant, mais qui s’enivre de modernité à l’occidentale et se rêve en « Genève asiatique ». De quoi y perdre son latin.

Et sous les couches d’influences successives bat le cœur d’un jeune État à l’identité encore balbutiante, car c’est une gageure pour une marche nomade de s’inventer une identité nationale, fermée, circonscrite et centralisée. En d’autres termes, comment faire rentrer l’esprit de Gengis Khan dans un moule jacobin. Le pays se veut ouvert sur le monde, mais se cherche encore, soucieux de plaire et qui voudrait changer de vêtements pour gagner en reconnaissance.

De plus en plus, le nom du Kazakhstan se prononce dans les grandes capitales du monde, comme une sorte de nouvelle terre promise, telle l’Argentine d’hier. Des États-Unis, à la Turquie en passant par la Chine et l’Europe, le président Kassym-Jomart Tokaïev est courtisé tous azimuts.

Car le Kazakhstan a de quoi aiguiser les appétits : de gigantesques réserves de pétrole, de gaz naturel ainsi que d’uranium, dont il est le 2e producteur mondial. Mais le territoire est également riche de 70 ressources naturelles différentes, dont d’abondantes réserves de zinc, de tungstène, d’argent, de plomb, de cuivre, de manganèse, de chrome, de potassium ou encore de titane. Un sous-sol que le Kazakhstan a su valoriser pour devenir la première puissance économique de la sous-région (50% du PIB des cinq pays d’Asie centrale). Avec ses immenses ressources, le Kazakhstan est, comme le disait Napoléon à propos de la Russie et des États-Unis de son époque, un « Hercule au berceau ».

Aujourd’hui, ces richesses attirent l’attention de nombreux pays, notamment européens. Le Président français Emmanuel Macron a invité le président Tokaïev à l’Élysée en novembre 2022 et il se rend à Astana début novembre. Au moment où la France baisse le pavillon en Afrique, le Kazakhstan, qui produit notamment 39% de l’uranium mondial et où opèrent déjà environ 200 entreprises françaises, pourrait faire office de partenaire stratégique dans la sécurisation des ressources énergétiques et minières de l’Hexagone.

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Au Kazakhstan, du cavalier nomade au startuper mondialisé

Le nom du Kazakhstan évoque les steppes interminables, gardiennes de traditions ancestrales et des chevauchées mythiques de cavaliers nomades, avec bonnets de fourrure et pelisses de mouton, chassant le renard avec des aigles dressés.

On imagine les yourtes où résonne le son entêtant de la dombra, sorte de luth à deux cordes, la rudesse des hivers à -40°C et celle des étés à 40°C, mais aussi la race de fer de l’ancien monde, celle des hordes de Gengis Khan au XIIIe siècle, endurcies par les intempéries extrêmes.

On y voit le vent qui ronge les vastes espaces désolés, l’herbe ondoyante de la steppe infinie, et puis au sud le désert[1], cet océan minéral et figé, où les vagues en demi-lune, dunes de sable effilées comme un yatagan turc, confèrent au paysage une fascinante beauté : celle d’un monde à la nudité parfaite, un univers de dureté et de solitude. L’image du Kazakhstan, c’est encore la beauté de ses femmes, aux traits délicats, relevés par des pommettes saillantes et des yeux effilés, qu’un Lermontov perdu en ces contrées n’aurait pas manqué de célébrer dans ses poèmes. Ce musée vivant existe-t-il encore ?

La jeunesse kazakhstanaise s’intéresse peu aux montagnes et aux légendes que recèle le sanctuaire de ses steppes immenses.

Certes, il subsiste des espaces préservés et sur les 2,7 millions de kilomètres carrés du territoire règne encore l’antique pacte nomade contracté par le cavalier avec son troupeau. Mais le pays a fait le choix de se tourner résolument vers les sirènes de la modernité. Si Astana n’est pas la seule vérité du Kazakhstan, la capitale concentre les aspirations de la nation.

Un Forum sur la tech

Aussi, le contraste avec ces images est grand lorsque je découvre le Forum du Digital Bridge 2023, le plus grand forum tech d’Asie centrale, qui s’est déroulé le 12 et 13 octobre à Astana.

Plus de 30 000 participants viennent y découvrir les derniers bijoux de technologie développés au Kazakhstan : drones, applications, robots et logiciels d’intelligence artificielle. Le président Tokaïev y délivre un discours qui dépeint le Kazakhstan comme une « nation digitale pionnière » et promet d’investir davantage dans l’intelligence artificielle. Le numérique n’est-il pas le moyen quasi magique de franchir le fossé qui sépare l’éternité rurale de la modernité globalisée sans passer par les affres des révolutions industrielles historiques ?

Lui succède au micro le fondateur de TikTok, Shou Chew, qui vante au public son application mobile de vidéos courtes, à savoir « inspirer la créativité et apporter de la joie ».

TikTok est utilisé par 10 millions de Kazakhstanais, soit la moitié de la population. Quant au ministre du Développement numérique, Bagdat Musin, il est accueilli telle une rockstar par une foule si compacte qu’il est impossible de se faufiler dans le public. A-t-on déjà vu un ministre être accueilli de la sorte en France ? Lui et le dirigeant de la banque Kaspi, Mikheil Lomtadze, sont les héros des temps modernes au Kazakhstan.

« Ils ont changé nos vies » m’explique un jeune Kazakhstanais sur place, qui s’empresse de me montrer l’application bancaire Kaspi. Acheter un vélo, transférer de l’argent à un ami, faire ses courses, transporter ses documents d’identité, réserver un voyage : la polyvalence de l’application a déjà conquis près d’un habitant sur deux au Kazakhstan. Peu de voix s’élèvent pour nuancer l’extase numérique et prévenir que remplacer les vieilles épaisseurs d’un État et les prudents feuilletages administratifs par l’algorithme n’est pas sans danger. L’un des orateurs, l’auteur et documentariste James Barrat, prévient pourtant, l’air grave : « L’intelligence artificielle ne signifie rien moins que l’extinction de l’humanité ».

Mais une telle mise en garde paraît incongrue au Kazakhstan, qui s’adapte si bien au monde cybernétique du futur. Après tout, la steppe, comme internet, est un espace ouvert, structuré par le mouvement et l’absence de fixité. « La modernité est la mobilisation de l’immobile » explique Friedrich-Georg Jünger[2].

Dans cette allégeance prêtée à la fluidité et au mouvement, il y a l’absence d’enracinement territorial et d’attachement au locus. Le citoyen du monde vit dans des steppes mondialisées : son laptop posé sur les genoux, en transit dans un aéroport, il n’est finalement pas très éloigné de l’ancien cavalier qui se déplace de yourte en yourte. On y retrouve la même conception nomade de l’existence : l’un a besoin du cheval et l’autre du mail, l’un navigue dans la steppe et l’autre dans le cloud. La civilisation héritière de Gengis Khan a tout pour devenir un dragon digital : ces millénaires auront préparé la dématérialisation du pacte nomade.

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Astana, une capitale en kaléidoscope

Astana (« capitale » en kazakh) reflète les mutations politiques et économiques du pays. Elle symbolise, par métonymie, son rêve de rayonnement à l’international. En 1997, Noursoultan Nazarbaïev, l’homme fort du Kazakhstan pendant trois décennies, jusqu’en 2019, faisait de cette bourgade des steppes une ville au style futuriste.

Enveloppée de déserts infinis d’une platitude extrême, comme surgie de nulle part, la ville apparaît avec ses silhouettes d’immeubles ultracontemporains, tel un mirage. Astana, c’est un Las Vegas sans les casinos, une Dubaï sans la mer. Les grues s’activent tandis que des immeubles de verre étincelant et à l’architecture extravagante sortent de terre les uns après les autres.

Des édifices illuminés de mille couleurs la nuit, des perspectives grandioses, des palais opulents, des coupoles : le centre, riche et clinquant, se veut le visage du futur triomphant qui attend le pays. L’emblème de la ville est le Baïterek, sorte de Tour Eiffel Kazakhe, une haute structure de 97 m semblable à un arbre surplombé par une sphère dorée. Signifiant « peuplier », le Baïterek évoque le mythe de Samrouk, l’oiseau kazakh pondant un œuf d’or tous les ans, et symbolise le renouveau de la vie. Se parant de couleurs fluo la nuit, elle a gagné le surnom – moins mystique – de ChupaChups.

Mais la modernisation est ici synonyme d’une polyphonie. En face du Baïterek trône le palais présidentiel « Ak Orda », copie grandiloquente de la Maison-Blanche en marbre blanc coiffée d’une coupole d’azur.

Astana possède aussi un Arc de Triomphe mimant celui de Paris, un opéra aux allures de temple romain avec ses colonnades blanches, une réplique de l’édifice des Sept Sœurs de Moscou, archétype de l’architecture stalinienne, mais aussi une pagode chinoise, un Abu Dhabi Plaza, une soucoupe volante (le cirque), une pyramide et un Big Ben. Cette architecture hétéroclite reflète les ambitions internationales de la jeune nation, une soif de mondialisation qui s’incarne pleinement dans le ministère des Finances qui, vu du ciel, prend la forme d’un « $ », le dollar américain, symbole de la libéralisation de l’économie après 1991. Astana est une cosa mentale, idéalisation de la ville par une nation dont le génie s’associait à l’art du mouvement dans une steppe sans centre.

Astana. (c) wikipédia

Seul petit rappel de l’histoire ancestrale du Kazakhstan, le Khan Shatyr (« Tente du souverain »), une structure translucide de thermoplastique et d’acier mimant la tente des anciens nomades.

Mais le clin d’œil s’arrête là : à l’intérieur de la structure s’étalent 200 boutiques, des restaurants, un parc d’attractions, une fausse plage avec du vrai sable des Maldives et des spas de luxe. Ce temple du divertissement est devenu l’endroit privilégié des habitants pour passer le week-end ou se retrouver entre amis. Ici le rouge de Coca-Cola, là le blanc d’Adidas, les logos de Versace et d’Armani.

La sous-culture occidentale ou ce qu’on appeler la « pop culture » (car c’est ainsi que notre vieille civilisation se présente sur place) est « ingurgitée » par les populations locales sous ses aspects les moins reluisants.

Les Kazakhstanais, qui ont si vite adopté les codes de l’élite mondialisée, seront-ils en mesure de trouver un modèle convaincant pour former une communauté de destin  ?

Pas sûr que les applications mobiles et les malls y suffisent.

 

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Un passé douloureux

Si le Kazakhstan vogue, toutes voiles dehors, vers la modernité, c’est qu’il est pressé d’en finir avec son passé. Un passé fait de douleur, de guerres et de misère. « Écoute le vent dans la steppe, il raconte de grands malheurs » dit un chant kazakh. Des invasions mongoles à la conquête russe, de la sédentarisation forcée à la Grande Guerre patriotique, de la famine aux purges staliniennes, l’histoire du Kazakhstan est depuis des siècles émaillée de sacrifices.

Le joug soviétique en particulier a laissé des cicatrices dans toute l’Asie centrale, mais sans doute nulle part aussi profonde qu’au Kazakhstan.

Ce que le poète et dissident politique kazakh Oljas Souleimenov exprime dans l’un de ses poèmes les plus célèbres : « Kazakhstan, tu es immense / Tu es cinq fois la France, / Mais sans le Louvre ni Montmartre. Tu as accueilli sur tes terres toutes les Bastilles / Des capitales pécheresses. Tu étais telle une immense prison, / Sur la petite carte d’un immense océan / Et nous, les Kazakhs, sommes nés dans cette prison. »[3]

Dans cette immense prison, le Kazakhstan a accueilli des peuples entiers. La politique punitive de l’URSS fit affluer les Coréens de l’Extrême-Orient, les peuples du Caucase, les Allemands de la Volga, les Tchétchènes, les Kurdes ou encore les Tatars de Crimée par vagues successives[4]. Cette terre servit aussi d’exil, tout autant que la Sibérie, à de nombreux prisonniers envoyés dans des camps de travail[5].

C’est au Kazakhstan, dans le bassin minier d’Ekibastouz, que l’écrivain dissident Alexandre Soljenitsyne fut déporté, là où se déroule son roman Une journée d’Ivan Dénissovitch consacré à la vie quotidienne d’un prisonnier du goulag. Surnommé le « laboratoire de l’amitié des peuples » sous l’Union soviétique, le territoire meurtri du Kazakhstan servit en même temps de vitrine aux réformes agraires (campagnes des « terres vierges » menée par Khrouchtchev), de terrain d’expérimentation pour les essais nucléaires (polygone de Semipalatinsk)[6], pour la guerre bactériologique (près de la mer d’Aral), et pour la conquête spatiale (cosmodrome de Baïkonour).

Mais rien, sans doute, ne personnifie plus les vestiges du malheur kazakh que le sort de l’infortunée mer d’Aral. Jadis deux fois plus grande que la Belgique, l’Aral perdit en s’asséchant 75% de sa superficie depuis 1960 et se scinda en deux immenses lacs salés au milieu d’une steppe inhospitalière et désertique, l’un côté Ouzbek (au sud) et l’autre côté kazakhstanais (au nord). Pendant des décennies, l’eau des deux fleuves qui l’alimentaient, l’Amou-Daria et le Syr-Daria, avaient été détournée sur ordre de Staline pour les besoins de la culture intensive du coton, gourmande en eau et peu adaptée à une région si aride[7].

Le tableau d’aujourd’hui est celui d’un paradis mutilé. Si le Kazakhstan a tenté d’agir depuis en construisant le barrage de Kokaral, cette initiative ne concerne que la partie kazakhe, tandis que, côté ouzbèke, la politique agricole toujours centrée sur le coton emploie autant d’eau qu’à l’époque soviétique.

La sédentarisation forcée et l’industrialisation menée par le pouvoir soviétique ont profondément changé le mode de vie des Kazakhs. Paul Valéry souligne que « toute région habitée par une population sédentaire se transfigure peu à peu ». Une chatoyante humanité et un passé étincelant se sont ainsi retrouvés étouffés, soixante-quatorze ans durant. Le roseau plie, le Kazakh aussi. Mais il demeure !

Le peuple du Kazakhstan est aujourd’hui une mosaïque ethnique et religieuse où se côtoient 127 ethnies différentes.

D’autre part, l’URSS a découvert les immenses ressources des sols kazakhstanais et les ont valorisés, faisant prendre conscience à la future nation de son potentiel. Bien des champs pétrolifères soviétiques sont toujours en activité. Quand, en 1991, après la chute de l’URSS, le Kazakhstan devient un État souverain et indépendant, c’est « presque à son insu, sans avoir eu le temps de se penser en tant que tel, sans mobilisation populaire, sans sentiment d’appartenance, sans élaboration d’un projet commun »[8].

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Une identité à construire

Depuis 1991, la construction de l’identité nationale en Asie centrale est un processus complexe. L’Ouzbékistan a opté pour la représentation des grandes figures de son histoire, comme la statue de Tamerlan dans le centre-ville de Tachkent, et le retour en force de l’Islam. Au Turkménistan, l’identité nationale s’est construite autour de la figure de l’ancien leader du pays, Saparmurat Niazov, « le guide de tous les Turkmènes ».

Au Kazakhstan, pays vaste et hétéroclite, où le peuple de l’ethnie kazakhe, lui-même divisé en trois jouz ou « hordes »[9], cohabite avec des dizaines d’autres peuples, le défi était de taille. Mais un projet politique cohérent allié à d’immenses ressources énergétiques et minières ont fait du Kazakhstan une puissance stratégique prometteuse, un géant en devenir, le centre de gravité d’une Asie centrale en pleine reconfiguration.

Les Kazakhstanais seront-ils en mesure d’assumer ce destin, d’éviter la dissolution de leur identité dans le « village global » du capitalisme occidental, la tentation d’un Islam appuyé, ainsi que d’éventuels débordements des grandes puissances voisines ? Il faudra pour cela un allant, une vision réelle, la construction d’un roman national tissé avec patience ainsi qu’un véritable sens de l’État qui semblent encore devoir s’affirmer davantage.

 

[1] Le désert couvre 44% du territoire du Kazakhstan.

[2] Friedrich-Georg Jünger, La Perfection de la technique, Allia, Paris, 2018.

[3] Traduction du russe, extrait du livre de Lise Barcellini, Kazakhstan, jeune nation entre Chine, Russie et Europe, Paris, Atelier Henry Dougier, 2017, p. 51.

[4] René Cagnat, La rumeur des steppes. Aral, Asie centrale, Russie, Éditions Payot & Rivages, Paris, p. 181.

[5] Il y en eut sept au total, dont le plus important fut celui de Karlag. Sur les 15 millions de prisonniers de camps soviétiques, plus d’un million de personnes furent emprisonnées sur le territoire du Kazakhstan.

[6] Entre 1949 et 1989, l’URSS fit exploser 467 bombes nucléaires sur un polygone de tir entre les villes de Sémipalatinsk et Pavlodar. La Chine entama ensuite de 1964 à 1996 ses 45 essais nucléaires dans le Lob Nor. L’Asie centrale est ainsi devenue la région du monde la plus concernée par la radioactivité.

[7] Une tragédie que raconte Abdijamil Nourpeïssov, écrivain Kazakh né en 1924, dans son ouvrage Il y a eu un jour et il y a eu une nuit (2013).

[8] Lise Barcellini, Kazakhstan, jeune nation entre Chine, Russie et Europe, op.cit., p. 15.

[9] À la fin du XVe siècle, les Kazakhs se répartissent en trois hordes, chacune correspondant à un regroupement de tribus territorialisées. La Petite Horde se trouve à l’Ouest, la Moyenne Horde au centre et à l’est, et la Grande Horde au sud.

 

 
À propos de l’auteur
Catherine Van Offelen

Catherine Van Offelen

Consultante en sécurité internationale, spécialiste des questions de sécurité et de terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest.