Finalement, ce ne sera pas « lui » mais plutôt « elle ». Dimanche 21 juillet, dans une longue lettre adressée au peuple, Joe Biden a annoncé son retrait définitif de la course à la présidentielle.
Trop âgé et trop fatigué, l’homme a multiplié les propos incohérents et apparitions malhabiles.
Poussé vers la sortie par de nombreuses grandes figures du Parti démocrate, l’homme s’est résolu à apporter son soutien à Kamala Harris, sa vice-présidente, pour affronter un Donald Trump plus remonté que jamais après sa tentative d’assassinat.
Kamala Harris, dernier espoir de la gauche américaine ?
C’est bel et bien ce qui se profile.
Décrite comme la meilleure candidate pour défier Donald Trump, la presque candidate n’arrive pourtant pas à le devancer mais resserre l’écart, malgré tout, avec 1,5 point de différence face au candidat républicain – contre 1,9 pour Biden.
Une enfance baignant dans l’activisme
Née à Oakland, en Californie, d’une mère d’origine indienne et d’un père jamaïcain, Kamala Harris évolue dans un monde privilégié qui prend le temps de se consacrer aux plus démunis.
Tous deux étudiants en doctorat à l’université de Berkeley, ses parents se sont rencontrés lors des marches pour les droits civiques.
Kamala Harris a passé une partie de sa vie à Montréal où sa mère, Shyamala Gopalan, chercheuse spécialisée dans le cancer du sein, avait été engagée à l’université McGill.
Francophone, l’actuelle vice-présidente obtient son diplôme de fin d’études en 1981 puis fait son grand retour aux États-Unis, où elle poursuit de brillantes études de droit.
Kamala Harris n’a pas toujours vécu de la politique.
Avant de prendre part à des élections pour le compte du Parti démocrate, elle était procureur de San Francisco de 2004 à 2011, puis devint procureur général de Californie de 2011 à 2017.
Un passage qui n’est pas si anodin.
Très souvent critiqué par l’aile gauche du Parti démocrate pour ses positions fermes sur la criminalité, le procureur Harris a mené une politique de « tough on crime » qui a conduit à des taux d’incarcération élevés, en particulier parmi les minorités latinos et afro-américaines.
Une candidate woke… pas si appréciée des woke
Après 2017, Kamala Harris poursuit une trajectoire ascendante sur la scène politique nationale, suscitant autant d'admiration que de critiques.
En tant que sénatrice de Californie, elle se distingue par ses attaques partisanes lors des auditions de confirmation de personnalités conservatrices comme Brett Kavanaugh et Jeff Sessions, adoptant une posture agressive qui polarise davantage le débat politique.
Kamala Harris co-sponsorise également des lois radicales telles que le Green New Deal et Medicare for All, critiquées pour leur coût exorbitant et leur irréalisme.
En 2019, elle lance une campagne présidentielle largement basée sur des propositions progressistes, mais doit se retirer faute de soutiens suffisants, révélant ainsi les limites de son potentiel électoral.
Malgré cet échec, Joe Biden l'a choisie comme colistière, une décision largement perçue comme un geste pour apaiser l'aile gauche du Parti démocrate.
Mais après quatre ans de mandat, Kamala Harris est dans une position délicate : elle doit naviguer entre son image de progressiste et ses antécédents plus conservateurs en matière de justice pénale.
En 2021, c’est son refus appuyé de voir arriver des migrants venus d’Amérique du Sud aux États-Unis qui déroute une partie de l’électorat progressiste.
Naviguant entre une aile progressiste favorable à l'agenda très social, voire woke, et les aspirations majoritaire d’une Amérique en quête de retour à une grandeur passée, Kamala Harris avance sur une ligne de crête : trop conservatrice pour les progressistes fervents et trop progressiste pour les conservateurs traditionnels. En France, elle suscite les espoirs de la gauche qui la trouverait bien trop conservatrice si elle devait voter pour elle et lui confier le pays.