« Il est curieux de voir dans quelle sécurité étrange vivaient ceux qui occupaient les étages supérieurs de l’édifice social au moment même où la révolution commençait ». Tocqueville
Par Xavier Raufer.
Cette nouvelle contribution de Xavier Raufer est parue sur Atlantico hier 17 juin.
Remarquable article que nous ne commenterons pas sauf pour dire qu’elle émane d’un spécialiste très avisé dont nous suivons les travaux depuis des années.
Certaines formules hantent pour l’éternité ceux qui les ont prononcées ; parfois, pas besoin même qu’elles soient vraies : suffit qu’à un moment, elles aient trop bien collé au personnage.
Marie-Antoinette, reine de France et son (apocryphe) « Qu’ils mangent de la brioche » face au peuple criant qu’il n’a plus de pain – cette seule phrase l’aura envoyée à l’échafaud.
De même aujourd’hui, le président Macron déplorant ainsi les votes extrêmes « dès qu’il y a un fait-divers, il est monté en épingle ».
Fait-divers : expression d’un glacial mépris envers les Français modestes, à jet continu pillés, poignardés ; trop souvent par des allogènes.
Thomas, Matisse et tant d’autres assassinés : fait divers. Une semaine d’émeutes, 1 500 bâtiments ravagés-incendiés, un milliard de dégâts ; les « Kevin ou Mattéo » à dose homéopathique parmi les émeutiers, fait-divers. Par ce maître-mot, les élites progressistes, médiatiques ou financières crient leur mépris exaspéré des citoyens du pays qu’elles dominent encore.
D’où, la violence du choc subi par la Macronie aux récentes élections européennes.
Et nulle part est-il aussi violent qu’à Marseille, fictif décalque français de l’onirique Californie sur laquelle fantasme M. Macron. Sa liste sur place, à peine 10% des suffrages, moins encore que sa déjà maigre moyenne nationale de 14,6%. À Marseille, la droite nationale à 37% ! Toute la droite à près de 43%.
Pourtant ! M. Macron a passé sept ans à chouchouter Marseille, sur laquelle les milliards ont plu… Plan immense… moderniser, rénover, désenclaver… 14 visites de parfois plusieurs jours … tournée des cités hors-contrôle…
La flamme olympique hier encore… Une « ministre de Marseille » au gouvernement, amie bien sûr du couple Macron…
Trente visites et plus du vibrionnant-stérile ministre de l’Intérieur, ses chiffrages-bidon et mesures illusoires…
Sa mission était simple, pourtant : [Article L-111-1, Code de la sécurité intérieure] : « L’État a le devoir (nous soulignons) d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble (idem) du territoire de la République (…) à la protection des personnes et des biens ».
Toutes ces opérations médiatiques « Place Nette XXL » pour quoi au fond ? Pour rien. Car côté sécurité, sept années Macron n’ont rien changé du tout pour les Marseillais.
– Marseille reste la « capitale du vol » : sur la voie publique… à l’arraché… avec violences… sacs à main, portables et bijoux… meutes de pickpockets dans les transports publics… Vols de véhicules (voitures, motos, scooters…) : quatre fois plus que la moyenne nationale ; vols DANS les véhicules : quatre fois plus aussi ; cambriolages de logements : deux fois plus.
– Depuis presqu’un an, un centre médico-psychologique est fermé au centre-ville ; des bandits y sont « entrés armés pour menacer un employé suspect d’avoir appelé la police ». Un syndicaliste : « Un bâtiment public au milieu d’une zone de guerre… Je vous défie d’y aller…
La cour des miracles… trafic de stupéfiants, détritus et checkpoints »…
– À Marseille désormais, la guerre de la drogue gagne toute la ville, bien au-delà des quartiers nord hors-contrôle. Dans le 9e, à la Cayolle, rafales d’intimidation près d’une « place forte du narcotrafic » ; dans le 11e, un homme de 20 ans blessé par balles ; dans le 15e, la veille, autre blessé ; tous bien sûr « connus de la police » pour trafic de stupéfiants.
Le tintamarre « Place Nette XXL » avait au moins pour but de mettre fin aux tueries ; rappel, 49 homicides entre bandits à Marseille en 2023.
Observons la statistique plus réaliste des homicides plus tentatives, de 2022 à 2023 à Marseille, PLUS 117% en un an !
Or courant juin 2023, ça continue : un bandit (de plus…) « criblé de balles… git au sol dans une mare de sang… Alentours, au sol, en masse, des douilles de 9mm ». Lui aussi bien sûr, fort connu de la police.
La plupart de nos articles soulignent désormais l’importance d’un facteur faussant ou désaxant toujours plus l’art de gouverner, l’aveuglement.
Sur l’esprit humain, l’aveuglement produit un effet analogue à celui de l’oxyde de carbone, gaz “inodore, incolore, sans saveur, explosif et de même densité que l’air », qui chaque hiver, provoque des intoxications mortelles du fait de chauffages défectueux.
De même, l’aveuglement est-il lui aussi inodore, incolore et sans saveur. Il envahit l’esprit humain et le conduit aux pires erreurs ; aux pires extrémités ; rien que dans l’histoire moderne, la Ligne Maginot, le désastre de Pearl Harbor proviennent à 100% de l’aveuglement.
Or souvent, toujours comme l’oxyde de carbone, ce péril est-il mortel. Pour nous en convaincre, ce terrible fragment de Tocqueville (« L’ancien régime et la révolution ») « Il est curieux de voir dans quelle sécurité étrange vivaient ceux qui occupaient les étages supérieurs de l’édifice social au moment même où la révolution commençait et de les entendre discourant entre eux sur les vertus du peuple, sur sa douceur, son dévouement, ses innocents plaisirs ; quand déjà 93 est sous leurs pieds : spectacle ridicule et terrible ». ■
Par XAVIER RAUFER
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