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10/06/2024

ÉLECTIONS EUROPÉENNES ! RÉSULTATS ! GARE À LA COLÈRE DES PEUPLES !

REVUE DE PRESSE !

 

Alexis Brézet : « Gare à la colère des peuples !

Ni la vague ni le vent ne se laissent aisément arrêter. »


Par Alexis Brezet.

Cette chronique est parue dans le Figaro de ce lundi 10 juin.

Nous la livrons telle quelle à la sagacité et aux commentaires des lecteurs de Je Suis Français. Il sera temps ensuite de revenir sur les manœuvres du Chef de l’État et celles, ravivées, des partis de l’Arc républicain (sic) qui tente d’ores et déjà de se reformer pour faire barrage à la claire victoire du camp national patriote.

 

 

« Vent d’antimacronisme, vague anti-immigration : ce que nous enseignent les Européennes »

ANALYSE – Emmanuel Macron s’attendait à une défaite, c’est une humiliation. Le directeur des rédactions du Figaro analyse les résultats du scrutin.

C’est la rencontre de la vague et du vent, la convergence de deux colères, la fusion de deux exaspérations.

 

La vague déferle dans l’Europe entière : de l’Italie au Danemark, de l’Autriche aux Pays-Bas. Comment la nommer sans tomber dans la caricature 

? Ici, elle se porte sur un parti « conservateur » ; là, sur un parti « populiste ». « Extrême droite », si l’on est honnête, ne convient pas.

« Droite radicale » serait plus juste. « Nationaliste » ? À l’évidence. « Souverainiste » ?

C’est plus compliqué : il ne s’agit plus de quitter l’Europe, mais de la changer.

Selon les pays, elle peut varier dans ses formes, mais partout elle se nourrit d’une cause principale : l’inquiétude qu’une immigration incontrôlée fait peser sur l’équilibre de nos sociétés, la menace que l’islam politique fait planer sur l’avenir de notre civilisation.

Alors que toute la misère du monde semble s’être donné rendez-vous sur notre continent (8 millions de premières demandes d’asile enregistrées dans l’UE entre 2013 et 2023, l’équivalent d’un nouvel État membre entièrement composé de demandeurs), les citoyens de l’Union, d’élection en élection, réclament une révision drastique de notre politique d’immigration, fondée sur la restriction du nombre des entrants et l’expulsion de ceux qui contreviennent à nos règles, ignorent nos valeurs et contestent notre mode de vie. Faute d’être entendus, ils élèvent à chaque scrutin l’intensité de leur protestation.

Le vent, lui, est purement français.

 C’est le vent de l’antimacronisme qui souffle désormais en rafale dans tous les partis, toutes les classes d’âge, toutes les catégories de la population.

L’admiration – voire l’adulation – qui avait accompagné les premiers pas du plus jeune président que la France ait jamais connu s’est au fil des mois et des années muée en une hostilité auprès de laquelle le rejet dont ses prédécesseurs firent l’objet en leur temps ferait figure d’aimable bouderie.

Ses choix politiques – et une certaine brutalité dans la manière – avaient alimenté contre Nicolas Sarkozy une féroce hostilité. Sa mollesse et ses hésitations ont valu à François Hollande de tomber rapidement dans le discrédit. Emmanuel Macron, lui – si l’on en croit les enquêtes d’opinion – suscite une violente exaspération qui doit moins à sa politique qu’au regard porté par les Français sur une façon de se comporter qu’ils jugent bavarde, arrogante et narcissique.

Résultat : tous les partis, sans exception, ont concentré le tir sur le président de la République, transformant de facto cette élection en référendum anti-Macron.

Les Français les ont entendus : ils ont saisi cette ultime occasion nationale de dire au chef de l’État ce qu’ils pensent de sa politique pour lui infliger un vote sanction sans appel.

 

Pour Emmanuel Macron, quelle gifle !

Parce que le Rassemblement national est depuis des lustres solidement installé au point de rencontre de la vague anti-immigration et du vent anti-Macron, c’est Jordan Bardella qui tire le meilleur parti de cette conjonction climatique.

Son grand talent aura été de ne pas la contrarier.

Avec plus de 30 % des voix – deux fois plus que la liste macroniste, qu’il ne distançait en 2019 que d’un tout petit point -, il triomphe.

À l’exception de Simone Veil (RPR-UDF) en 1984, aucune liste d’aucun parti n’a jamais atteint un tel score depuis que les élections européennes existent !

Non seulement le RN écrase toute concurrence à droite (François-Xavier Bellamy, grâce à ses coups d’éclat personnels, sauve l’honneur sans parvenir à redresser la barre ; qualifiée de justesse, Marion Maréchal paie sans doute le fait d’avoir concentré ses coups sur la liste LR), mais il domine de la tête et des épaules l’ensemble du jeu politique.

À l’aune de ce bilan, la mine triomphale arborée dimanche soir par la tête de liste RN est tout sauf injustifiée…

 

Pour Emmanuel Macron, à l’inverse, quelle gifle !

 Lui qui jusqu’ici n’en avait jamais connu (les législatives de 2022 furent une déception) s’attendait bien à une défaite ; il subit une terrible humiliation.

Faillite politique. Alors que, depuis 2017, il a fait de l’endiguement du Rassemblement national la pierre de touche de son engagement politique, le parti de Marine Le Pen n’a jamais été plus haut.

Alors qu’il prétendait renvoyer définitivement le PS au cimetière des idées mortes, voici que la gauche socialiste, portée par Raphaël Glucksmann, renaît de ses cendres et fait (presque) jeu égal avec les petits prodiges de la start-up nation.

Alors qu’il se faisait fort de résorber dans la croissance économique les fractures liées à l’immigration, le score de la liste emmenée par Manon Aubry manifeste l’enracinement d’une extrême gauche communautarisée, chauffée à blanc par les outrances de Jean-Luc Mélenchon, lourde de menace pour la cohésion de la nation.

Désaveu personnel.

Omniprésent, envahissant, intarissable durant la campagne, Emmanuel Macron s’est engagé dans la bataille européenne comme aucun président de la République avant lui.

Mais ni la frénésie oratoire, ni l’instrumentalisation manifeste du conflit ukrainien, ni la réquisition in extremis de chaînes de télévision publique et privée, ni l’exploitation sans vergogne des cérémonies du Débarquement n’y ont changé quoi que se soit.

En dépit (et sans doute à cause !) de cet Overlord médiatique, de ce carpet bombing présidentiel, le macronisme s’effondre.

L’inflation, la dette, la Nouvelle-Calédonie, et surtout l’explosion du nombre de crimes et de drames sur fond d’islam politique et d’immigration incontrôlée ont parlé plus fort que lui.

 

En vérité, rarement désastre politique aura été aussi complet !

Bien sûr, dans le camp présidentiel, on se donne beaucoup de mal pour en relativiser la portée, exorciser les conséquences que chacun croit deviner.

On invoque l’usure du pouvoir, on parle de vote « défouloir », on dresse la liste de tous ces partis qui, triomphateurs aux européennes, se sont brutalement dégonflés au scrutin suivant – et vice versa. Tout cela n’est pas faux : en politique rien n’est jamais écrit, et surtout pas qu’une victoire en entraîne automatiquement une autre.

Mais le contraire n’est pas écrit non plus ! Emmanuel Macron a si bien réussi à éradiquer toute alternative entre Marine Le Pen et lui que, aujourd’hui, à droite (et, vu l’état du pays, seul un candidat franchement de droite peut prétendre s’imposer face au RN) il n’y a plus personne – ou presque !

Certes la présidente du RN n’est pas encore à l’Élysée, mais il faut bien reconnaître qu’elle n’en n’a jamais été aussi proche.

 

Soyons honnête. De cette grande catastrophe, la responsabilité n’incombe pas seulement à Emmanuel Macron.

On a beaucoup dit que son règne a été celui de toutes les crises – « gilets jaunes », Covid, Ukraine… sans parler de Notre-Dame !

On a moins souligné une autre fatalité : sa malchance est d’être arrivé au moment des conséquences, celui où se cristallise l’évidence, soudain insupportable, de toutes ces faillites qui depuis des années mitonnent à petit feu dans notre pays – immigration, éducation, dette, insécurité, etc. Sa responsabilité historique aura été, par légèreté, de ne rien faire pour s’y attaquer vraiment.

Sa faute politique, de croire que son habileté manœuvrière pourrait lui permettre de pallier l’absence de majorité quand, en 2022, il aurait à l’évidence dû changer d’alliance – mais cela supposait de changer de politique – comme il avait déjà changé d’électorat : en faisant clairement le choix d’un accord d’union nationale avec la droite.

 

Et maintenant ? On aimerait se persuader qu’une issue existe, qu’il est encore possible de déjouer la malédiction du second mandat, possible d’éviter à la France trois années de sur-place et de paralysie !

Mais, en politique, le temps perdu ne se rattrape pas. Bien sûr, les institutions permettent de tenir.

Comment rassembler – et gouverner – quand on n’a plus ni majorité ni soutien dans l’opinion, quand vos partisans préparent déjà la suite, quand vos adversaires ne sauraient vous rejoindre sans aussitôt se discréditer, quand votre prestige s’effiloche et que le temps vous est compté ?

Commencé dans la fanfare de la Symphonie du nouveau monde, le macronisme semble condamné à s’abîmer dans la Marche funèbre d’une présidence empêchée.

En Europe, contrairement à ce que les uns et les autres ont voulu nous faire croire, la majorité actuelle (PPE, S&D, Renew) va continuer son chemin, avec peut-être, au cas par cas, une légère « droitisation » que le Conseil et la Commission se chargeront d’encadrer.

En France, Emmanuel Macron, en prononçant la dissolution, vient de montrer qu’il ne se résigne pas à continuer de caboter, de louvoyer et de compter sur le talent de l’événement pour surnager.

À Bruxelles comme à Paris, les uns et les autres devraient cependant prendre garde de ne pas oublier trop vite le message que les électeurs viennent de leur adresser.

 

Gare à la colère des peuples !

Ni la vague ni le vent ne se laissent aisément arrêter.   

  ALEXIS BREZET

 

Source et Publication :  https://www.jesuisfrancais.blog/2024/06/10

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