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24/06/2023

RUSSIE : LE GÉNÉRAL SOUROVIKINE APPELLE " WAGNER " À RENDRE LES ARMES !!!

Quand le général Sourovikine, qui appelle Wagner à rendre les armes, était lui-même putschiste

 
Le général Sourovikine en décembre 2022.
 
Le général Sourovikine en décembre 2022. GAVRIIL GRIGOROV / AFP

RÉCIT - Pistolet-mitrailleur au poing, le commandant adjoint de l'«opération militaire spéciale» a appelé les mercenaires à obéir à Vladimir Poutine. Jeune capitaine, il avait pourtant participé au coup d'État manqué de 1991.

 

Si l'histoire est un éternel recommencement, les rôles de ses protagonistes sont parfois à front renversé. Cette pensée a-t-elle traversé l'esprit du général Sergueï Sourovikine, ce vendredi 25 juin au soir, quand il a appelé, pistolet-mitrailleur PP-2000 au poing, les mercenaires de Wagner à obéir à Vladimir Poutine ? «Je (vous) demande de vous arrêter (...) Avant qu'il ne soit trop tard, il faut obéir à la volonté et à l'ordre du président élu de la Russie», a annoncé solennellement le commandant-adjoint de l'«opération militaire spéciale» en Ukraine dans une vidéo publiée sur Telegram.

Crâne rasé, visage imperturbable, le général d'armée fait aujourd'hui face à Evgueni Prigojine, à la tête de Wagner. Le milicien en chef arbore le même crâne lisse, mais son regard est au contraire déformé par les grimaces que lui inspire sa fureur. Voilà des mois que le mercenaire fulmine contre l'armée russe, qu'il juge incompétente et lâche ; voici quelques heures qu'il endosse même le rôle de quasi-putschiste. Le général Sourovokine, voué aux gémonies par les «musiciens» - comme ils se surnomment eux-mêmes - de Wagner pour avoir cédé aux Ukrainiens la ville de Kherson à l'automne dernier, saura-t-il mâter les mutins ?

 

Du côté des putschistes

À 56 ans, Sergueï Vladimirovitch se souvient peut-être de ses années de jeunesse, quand il n'était encore qu'un simple capitaine à peine sorti du bourbier afghan où il avait excellé dans l'infanterie. En août 1991, à quelques mois seulement de la dissolution de l'Union soviétique, il n'a pas entre ses mains le destin d'une armée entière, mais celui d'un simple bataillon de fusiliers motorisés, équipés de vingt BMP-1 et d'un BRDM-2, des blindés respectivement de combat d'infanterie et de reconnaissance.

Politiquement, Sourovikine, malgré ses 25 ans, n'était déjà pas tendre. C'est donc naturellement que le jeune capitaine prend le parti des putschistes lors du coup d'État manqué qui tient en haleine la capitale russe, Moscou, du 19 au 22 août 1991. Au sein du parti communiste, la ligne dure, furieuse contre la politique d'ouverture de Mikhaïl Gorbatchev, ne peut se résoudre à l'agonie de l'empire. Guennadi Ivanovitch Ianaïev, avec le soutien de plusieurs ministres et d'une partie de l'armée et des services de sécurité, tente de renverser le dernier président de l'URSS, qui est assigné à résidence dans sa datcha en Crimée.

Loin des hautes sphères, le capitaine Sourovikine manœuvre ses blindés dans la nuit du 21 au 22 août sur la ceinture des Jardins, ce périphérique qui entoure le centre de Moscou.

Mais la foule, hostile aux putschistes, a érigé des barrages et entrave leurs mouvements. Sergueï Vladimirovitch avertit les manifestants que les mitrailleuses de 7,62 millimètres des BMP-1 sont chargées, les canons de 73 aussi.

L'avertissement n'est pas dissuasif. Le convoi force le barrage et s'échappe. Dans l'assaut, trois jeunes manifestants sont tués, six militaires blessés et un blindé brûlé.

Près du Parlement, la résistance s'organise contre les putschistes. L'assaut des forces spéciales, qui refusent d'obéir aux ordres scélérats, échoue. Parmi le nom des héros, l'histoire retient celui du président de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, Boris Eltsine, dont la photographie, debout sur un char devant les colonnes du Parlement, fait le tour du monde. Le coup d'État a échoué, et le capitaine Sourovikine est arrêté.

 

«Il a seulement suivi les ordres»

Bien qu'affaibli, Gorbatchev est rétabli - pour quelques mois seulement - à la tête de l'URSS. Le jeune officier putschiste passe sept mois en détention, mais est finalement acquitté, car «il a seulement suivi les ordres», rappelle le journal russe d'opposition Novaya Gazeta. «Il faut libérer immédiatement le major Sourovikine», déclare même Boris Eltsine qui prend la tête de la nouvelle fédération de Russie en juillet 1991. Fort étonnamment, poursuit le journal russe, en le qualifiant de «major», l'anti-putschiste Eltsine suggère même que l'ancien putschiste réhabilité soit promu car il se serait «brillamment acquitté de son devoir militaire».

Après cette brève expérience des coups d'État, Sourovikine a mené sa carrière militaire tambour battant, jusqu'à devenir général d'armée

. En 2019, il commande les forces russes en Syrie, où son caractère impitoyable se confirme.

Après avoir brièvement été commandant de l'«opération militaire spéciale» en Ukraine d'octobre 2022 à janvier 2023, il a cédé sa place au général Gerasimov, le chef d'état-major des Armées russes, dont il reste depuis l'adjoint sur le théâtre ukrainien. Et trente-deux ans après le coup d'État manqué de Moscou, il se retrouve cette fois non plus dans la peau d'un putschiste, mais face à lui.

 
 
 

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