Les villages où on a voulu imposer des migrants ont voté massivement Bardella

 
Capture d'écran X
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Bélâbre, Beyssenac, Callac… Des villes et des villages que les fidèles lecteurs de BV commencent à bien connaître.

Dans ces communes de quelques milliers, voire quelques centaines d’habitants, les services de l'État ou la mairie ont tenté, parfois avec succès, d’ouvrir des centres d’accueil pour migrants.

Une initiative souvent prise contre l’avis d’une grande partie des riverains.

Mais ce dimanche, à l’instar de plus de neuf communes sur dix en France, ces villages ont accordé largement leur confiance à Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national. Signe d’un ras-le-bol migratoire, partagé par de nombreux Français…

La résistance de Bélâbre

« Nous avons le sentiment d’avoir été trahis par notre maire. » Il y a quinze mois, BV révélait qu’à Bélâbre, petit village de l’Indre de 900 âmes, le maire, sans réelle concertation avec ses administrés, avait décidé d’ouvrir un centre pour demandeurs d’asile.

Depuis, le projet se poursuit et les manifestations d’opposants s’enchaînent.

Les riverains craignent de voir leur tranquillité rurale bouleversée par l’arrivée des migrants.

Mais alors que la mobilisation dans la rue ne semble pas suffire pour convaincre le maire de renoncer à l’ouverture de ce centre, les Bélâbrais ont décidé de manifester leur opposition par les urnes.

Ce 9 juin, 44,37 % des habitants du village, qui avait plébiscité un député Horizons en 2022, ont ainsi glissé un bulletin « Jordan Bardella » dans l’urne, soit 16 points de plus qu’en 2019. S’y ajoutent les 5 % des voix accordées à Marion Maréchal. « Bélâbre a parlé pendant ces élections.

Ces résultats montrent l'opposition majoritaire de Belâbre aux projets qui toucheraient de près l'immigration incontrôlée », souligne la présidente de l'Union bélâbraise, collectif de lutte contre l'ouverture de ce centre, contactée par BV.

À l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, annoncée ce dimanche par Emmanuel Macron, les opposants au projet se sont réjouis. 

« Maintenant, la possibilité d'avoir un Premier ministre RN permettrait de revenir sur une politique migratoire folle », nous explique cette Bélâbraise engagée. «

À Bélâbre, nous luttons contre ce projet depuis février 2023. [...]

Avoir l'aide d'un nouveau gouvernement ne serait pas de refus, et nous sommes persuadés que ces nouvelles élections législatives peuvent nous aider à gagner et, également, pourront aider d'autres communes », ajoute-t-elle, pleine d'espérance.

 

Dans les Côtes-d’Armor, à Callac, commune devenue le symbole de la lutte contre la répartition des migrants dans les campagnes françaises, les habitants ont également apporté un soutien massif au RN.

En août 2022, ils découvraient que leur édile (divers gauche) envisageait d’accueillir un centre pour réfugiés. Après des mois de mobilisation, le projet était finalement abandonné.

Malgré tout, les habitants restent sur leurs gardes.

Ce dimanche, le village breton, qui avait pourtant placé Emmanuel Macron en tête dès le premier tour de l’élection présidentielle, a, cette fois-ci, voté en faveur (33 %, +10 points par rapport à 2019) du parti de Marine Le Pen.

 

Chute de la Macronie 

Dans les communes où les centres d’accueil de migrants ont bel et bien ouvert leurs portes, au grand dam d’une grande partie de la population, l’adhésion au Rassemblement national est encore plus massive.

À Beyssenac (Corrèze), où un centre de 40 places pour demandeurs d’asile a ouvert en avril 2023, malgré les vives protestations des riverains et de la mairie, 42,49 % des habitants (+25 points par rapport aux dernières élections européennes) ont voté en faveur de Jordan Bardella.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets à Plainfaing, dans les Vosges.

Si la commune, qui héberge des migrants depuis octobre dernier, a régulièrement fait confiance au RN, cette fois-ci, l’adhésion est massive (55,92 %).

À Châteauneuf-Grasse (Alpes-Maritimes), où les habitants confient vivre un enfer depuis l’installation d'un centre pour migrants mineurs dans le village, 33,15 % (+8 points) des votes sont allés à la liste du RN.

Et à Corlay (Côtes-d’Armor), enfin, où des réfugiés puis des demandeurs d’asile ont été accueillis, Jordan Bardella arrive en tête (28,22 %, +13 points par rapport à 2019).

Un score certes en dessous de la moyenne nationale, mais historique pour cette commune qui, en 2019, avait largement voté pour la majorité présidentielle (27 %).

Dans toutes ces communes, au-delà du vote massif en faveur de Jordan Bardella, il est intéressant de noter la chute de la majorité présidentielle.

Renaissance perd ainsi six points à Callac, sept à Bélâbre, dix à Beyssenac et même douze à Corlay !

Dans les villes récemment marquées par des drames, comme Crépol où Jordan Bardella recueille 45,74 % des suffrages, le bilan de la Macronie est tout aussi négatif.

Au-delà d’une forte adhésion au Rassemblement national, le scrutin européen marque donc avant tout un rejet massif de la politique migratoire menée par Emmanuel Macron.

Un rejet qui devrait se confirmer lors des prochaines élections législatives convoquées à la fin du mois de juin.

 
 
Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
 
Journaliste à BV   https://www.bvoltaire.fr
 
 
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