[ÉDITO]

Glucksmann et Toussaint absents du débat sur CNews : c’est grave, docteur ?

 
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C’est que chez ces gens-là, on a des principes !

Quelque part, ça force le respect.

Exemple : Raphaël Glucksmann et Marie Toussaint, respectivement têtes de liste pour le PS-Place publique et EELV.

Tiens, au fait, avant d’aller au cœur du sujet de cet édito, une question pas du tout piégeuse : êtes-vous capable de citer, comme ça, de mémoire, sans tricher en allant sur Internet, un ou deux colistiers des susnommés ?

Chez Hayer, on pensera à Canfin, le chouchou des agriculteurs, à Guetta, le député (pas son demi-frère, le disc-jockey), chez Bardella à Sorel ou Leggeri, chez Maréchal à Knafo ou Messiha, chez Bellamy au général Gomart ou à Morano, chez Aubry à… Rima Hassan.

Et chez Glucksmann et Toussaint ?

On cale. Vous aussi ?

Pour des partis qui se la jouent collectif et tout ça, ça la fiche mal, non ? Passons, ce n’est pas le sujet. Quoique...

 

On ne cautionne pas la « croisade » de Bolloré...

 

Nous disions donc que ces gens-là ont des principes. Ils l’avaient dit, ils l’ont fait : ils ont donc boudé le débat organisé par CNews, ce 30 mai.

Vous me direz que c’est une manière de se singulariser, d’attirer la lumière – quelques instants – sur les belles personnes qu’ils sont.

Marie Toussaint, elle, refuse tout simplement de « participer à l’effort de trumpisation de l’espace médiatique ».

Sa copine d’EELV, Sandrine Rousseau, va plus loin, cohérente jusqu’au bout des ongles : il faudrait interdire CNews.

Bien sûr. Ce serait plus simple, au fond.

Toussaint a pris cette grave décision de boycotter ce débat au lendemain de la diffusion, sur CNews, de cette infographie qui présentait l’avortement comme l’une des principales causes de mortalité dans le monde.

Là, c’en était trop.

Plutôt perdre une élection (cela dit, c’est bien parti) que de renoncer à ses principes.

Y a pas à dire, c’est beau. Glucksmann, lui, de son côté, en mars dernier, estimait, sur le plateau de BFM, que CNews « est une chaîne d’opinion qui promeut des thématiques d’extrême droite », qu’elle « est un instrument à des fins idéologiques », que « c’est une croisade culturelle, politique, idéologique » et qu’il ne se voit pas la cautionner.

On devait boire du petit lait, sur BFM, qui, comme chacun sait, ne promeut rien du tout…

Dans cette lignée, à la veille de ce débat maudit, Toussaint en a remis une louche, sur France Inter où, visiblement, elle est tout à fait à son aise : « Bolloré poursuit un projet civilisationnel très clair, xénophome (sic), misogyne, raciste, de recul de notre démocratie »...

Carrément. Rachel Khan, fine mouche, note, sur X, que Toussaint a oublié « "homophobe" et surtout "antisémite" » et se demande bien pourquoi...

Et donc, nous dit Toussaint, « j’ai refusé d’y participer et j’ai invité mes partenaires [cherche partenaires particuliers, NDLR] de gauche à le refuser.

Il n’y a que Raphaël Glucksmann qui a suivi mon invitation. »

Vraiment pas sympas, les copains, on aurait pu se faire un petit dîner entre nous. Manon Aubry de LFI et le communiste Léon Deffontaines, moins regardants, en sont.

Moins de principes ou, finalement, plus courageux ?

Car, avouons qu’on ne comprend pas bien ce boycott de l’entre-soi.

Si la chaîne de Bolloré poursuit un projet civilisationnel, mène une « croisade », comme ils disent, bah, on y va, au contraire, non ?

On va les provoquer jusque dans leur château fort et on met sa peau (pas trop, quand même) au bout de ses idées, pour reprendre le titre du regretté Pierre Sergent.

On vient dire à tous ces fachos de téléspectateurs avachis dans leur canapé leurs quatre vérités, bien en face.

Quitte à perdre quelques voix, c’est pas grave : les principes d’abord.

Ça aurait de la gueule, non ?

Un peu de panache, que diable ! Vous savez, ce truc bien français qui consiste à débouler sabre au clair là où on ne vous attend pas.

Il est vrai qu'on ne peut pas demander l’impossible à des petits-bourgeois qui gèrent leur électorat comme une rente. L’entre-soi doit être un placement sans risque.

 
Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)