Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/05/2024

NOUVELLE -CALÉDONIE .........QUE FAIRE ? ( BERNARD GERMAIN )

Nouvelle Calédonie… que faire ?

Noumea.jpg

Bernard Germain

Les évènements tragiques qui sont en train de se dérouler en Nouvelle Calédonie sont de la plus haute importance, et surtout placent tous et chacun au pied du mur.

En préalable, on me permettra de noter qu’en France, un étranger Africain ou Afghan fraîchement naturalisé est considéré Français.

À l’inverse, en Nouvelle Calédonie - donc également en France - on parle de colons pour des blancs dont la famille est présente depuis bien plus de 100 ans au travers de ses multiples générations.

De plus, que la population française de souche devienne minoritaire sur son propre sol est même clairement voulu par certains tel Mélenchon qui déclare souhaiter la créolisation de la population française, manière fort hypocrite de dire qu’il souhaite la disparition des Français de souche.

Mais à l’inverse, la même gauche, sans employer explicitement le terme - grand remplacement - dénonce ouvertement le fait que les Kanaks sont minoritaires sur leur propre terre en Nouvelle Calédonie.

On peut donc constater que lorsque la gauche passe du nord au sud de la planète, ses principes s’inversent.

S’agissant de la population de Nouvelle Calédonie, il faut savoir qu’elle est composée de 40% de Kanaks, 30% de Caldoches (blancs issus de métropole) et 30% de mélanésiens, d’asiatiques, etc.

 

Et cette réalité ne date pas d’hier. Cela fait des décennies que c’est ainsi.

Alors qu’est-ce qui a mis le feu au poudre ?

C’est la modification constitutionnelle voulue par Emmanuel Macron afin de « corriger » un problème démocratique bien réel : les Français qui n’étaient pas sur place avant 1998 n’ont pas le droit de vote pour les élections locales, ce qui fait la part belle aux Kanaks qui pourtant sont minoritaires.

En clair, sur ce territoire de la république, des Français sont privés du droit de vote pour que d’autres aient plus de droits.

La modification constitutionnelle vise donc à « corriger »… un peu, cette invraisemblance et à instaurer que ceux qui n’ont pas 10 ans de présence sur le territoire ne peuvent pas voter aux élections locales.

Ce qui est encore une entorse, moins importante certes, mais toujours une entorse au principe en vigueur partout ailleurs dans notre république.

En réponse, des Kanaks (environ 5 à 6 000) surtout des très jeunes (12 ans à environ 25-30 ans) ont pris les armes et déclenché une véritable insurrection.

 

Pour sa part la gauche a fustigé cette modification constitutionnelle et condamne par avance la tenue du congrès à Versailles pour valider ce que l’assemblée et le sénat ont voté.

Il est assez amusant de voir qu’en France, la gauche veut donner le droit de vote aux étrangers aux élections locales sans condition.

Mais en Nouvelle Calédonie, la gauche refuse le droit de vote à des Français (42.000 sur une population totale de 269.220 en 2022) aux élections locales. Cherchez l’erreur…

On pourra également sourire en se souvenant qu’en 2007, Christiane Taubira déclara : « Nous sommes à un tournant identitaire, les Guyanais de souche sont devenus minoritaires sur leur propre terre. ».

Ou en prenant connaissance de la déclaration du député LFI Andrée Taurinya le 16 mai 2024 à propos de la crise en Nouvelle Calédonie : « Tout le monde savait que mettre le peuple Kanak en minorité sur ses terres conduirait à sa colère. »

Cette seconde déclaration est mensongère car cela fait belle lurette que les Kanak sont minoritaire sur le « cailloux ».

Ils ne le sont pas devenus du fait du texte constitutionnel en cause.

Mais passons.


Ces deux déclarations me font constater deux choses :

  • Quand il s’agit de la Guyane, il existe un peuple guyanais et il a une terre historique
  • Quand il s’agit de la Nouvelle Calédonie, il y a un peuple Kanak et il a une terre historique

Oh, mais dites-moi, c’est du Renaud Camus dans le texte.

La gauche ne dit pas « grand remplacement » mais tout le monde comprend que c’est bien cela que la gauche dénonce pour ces territoires.

 

En revanche en France, c’est "fasciste" de le dire.

Parce qu’il n’y a pas de peuple français de souche.

Macron l’a dit « la France a de tout temps été une terre d’immigration » et d’ajouter « il n’y a pas de culture française, il y a des cultures en France ».

Soutenu et applaudi par la gauche pour ces affirmations.

En chimie, lorsqu’on a un tube à essai contient une substance, dans certaines circonstances, il suffit d’une goutte d’un autre produit pour totalement changer le contenu du tube.

Cela s’appelle un précipité.

 

`Là, la Nouvelle Calédonie joue le rôle de la petite goutte qui provoque le précipité.

Avec ces évènements, tout devient clair. Les positions des uns et des autres, hier ambiguës, deviennent d’une clarté d’eau de roche.

Certains pourraient en conclure que la gauche se noie dans ses contradictions. Ce serait une erreur.

 

En effet, ses positions en apparence contradictoires deviennent parfaitement logiques si on les voit du point de vue du wokisme.

À Paris, la gauche veut la destruction de la France, de sa culture, son identité et son peuple.

L’ennemi c’est le blanc, le français de souche.

À Nouméa, la gauche veut le départ de la France, combat sa présence dans l’archipel, sa culture, son identité et sa population locale.

L’ennemi, c’est donc aussi le blanc, comme à Paris.

Le soutien apporté au Kanak est donc logique.

Vu comme cela il n’y a pas de contradiction dans les positions de la gauche puisqu’elle a adopté le combat et les positions du wokisme.

Dans les deux cas, la France et le blanc sont l’ennemi.

C’est donc tout à fait cohérent.

 

On notera également que tous ceux qui prônent l’indépendance sans vouloir tenir compte des résultats des trois référendums qui ont eu lieu, sont de dangereux démagogues.

Il faut le dire sans détour : la Nouvelle Calédonie est incapable de s’assumer seule.

Elle est clairement sous perfusion de la métropole qui lui accorde des moyens qui s’ils n’arrivaient pas plongeraient l’archipel dans la misère totale.

Ainsi en est-il par exemple des structures de santé.

La Nouvelle Calédonie seule pourrait est-elle faire face aux montants des dépenses de ce seul secteur ?

Évidemment que non.

Quitter la France et devenir indépendante ne serait donc nullement la solution d’autant que la Nouvelle Calédonie possède le 2° plus gros gisement de nickel au monde.

Si la France devait quitter le territoire, la Chine ne tarderait pas -ou la Russie- à y mettre les pieds et ainsi remplacer le prétendu « colonisateur » français, qui est en fait le « bienfaiteur » de la Nouvelle Calédonie avec tous les moyens qu’elle y met en œuvre.

 

Est-ce l’arrêt de toutes ces aides que veulent pour les Néo-Calédoniens ceux qui prônent l’indépendance ?

Ceux qui écoutent ces démagogues prônant l’indépendance devraient prendre une minute pour voir ce qui se passe en Afrique d’où la France a été chassée.

La Russie, et la Chine surtout, pillent tranquillement le continent africain et ne font pas grand-chose pour lui.

Alors, que faut-il faire en Nouvelle Calédonie ?

La première chose à faire c’est de rétablir l’ordre.

Il y a un peu plus de 25 ans j’ai été deux semaines en Nouvelle Calédonie, à Poum, sur la côte dans le nord, au beau milieu des territoires des tribus Kanaks.

À l’époque, donc une dizaine d’années après la tuerie de la grotte d’Ouvéa (25 morts dont 19 Kanaks et 6 militaires.), les chefs coutumiers « tenaient » en main la situation, mais il était clair qu’il ne fallait surtout pas aller se promener dans ces territoires.

La braise était présente sous les cendres et ne demandaient qu’à se rallumer.

Surtout le vendredi soir lorsque les jeunes ont largement consommé des bières et fumer du cannabis.

Un très puissant racisme anti blanc n’y était pas une légende.

Hier comme aujourd’hui.

 

Aujourd’hui, visiblement, les chefs coutumiers ne contrôlent plus la situation et ne sont pas écoutés par ces jeunes ultra-violents, eux aussi gros consommateurs de bières et de cannabis.

Pas de négociation possible.

Il n’y a donc qu’une solution possible : la force, pour faire revenir l’ordre et arrêter les individus à l’origine de ces émeutes et ceux qui ont commis crimes et exactions.

On n’oubliera pas de relever que les « blancs » sont principalement dans le sud et surtout à Nouméa.

Ville qui regroupe une très grande partie de l’économie de l’île ainsi que les principales infrastructures.

Les émeutiers sont donc venus du nord pour « attaquer » Nouméa ses infrastructures et tout mettre à sac.

Il se trouve que la plupart des émeutiers étaient extrêmement jeunes.

Ce n’était nullement des militants politiques « en colère ».

En effet, on aura du mal à me faire croire qu’un gamin de 12 ou 13 ans a fait une analyse politique de la situation et est arrivé à la conclusion qu’il fallait aller en ville, piller et tout casser, en plus de tuer des gendarmes et des blancs.

Donc, sur ce plan, le gouvernement joue très gros.

La métropole observe, notamment les « quartiers ».

Si le gouvernement fait preuve de faiblesse avec les émeutiers, notamment vis à vis de ceux qui utilisent des armes contre les forces de l’ordre, on peut être sûr que la leçon sera retenue par de nombreux membres de la diversité.

Et des émeutes ne manqueront pas de se déclencher à nouveau en métropole, comme en juin-juillet 2023, mais cette fois on verra sortir les armes.

C’est cela qui se joue avec le traitement de la crise en Nouvelle Calédonie.

 

Soit le gouvernement reprend la situation en main par la force, impose l’ordre et arrête et condamne ceux qui doivent l’être, soit bonne chance pour la période des JO cet été ainsi que les mois et années qui suivront.

La France deviendra une véritable poudrière et les mains ne manqueront pas pour allumer la mèche.

 

Quand au texte constitutionnel, bien sûr que le congrès doit être réuni et adopter la modification constitutionnelle.

Ceux qui hésitent ou veulent différer sa tenue sont des faibles et des pleutres qui ne comprennent rien à la politique.

Que ce soit en Nouvelle Calédonie ou dans nos banlieues, si l’État est faible et que sa main tremble, tout le monde comprendra qu’il faut faire comme en Nouvelle Calédonie puisque le recours à la violence permet de faire fléchir les autorités qui n’en portent que le nom.

Ce sera le début du chaos…

Tout le monde est au pied du mur, à commencer par le pouvoir.

Amis lecteurs de la région de Rennes, venez retrouver Bernard Germain :

438164017_419401554366429_4113305953069343497_n.jpg

Le dernier livre de Bernard Germain cliquez ici

 

17:20 Publié dans 13 - Les 13e Journées de Synthèse nationale, Bernard Germain

 

 

 ET AUSSI    RAPPEL !

 

Vu sur le Web

Déshérence et perte de repères : Une jeunesse kanak en perdition

 

Déshérence et perte de repères : Une jeunesse kanak en perdition Générations Matignon-Nouméa ou héritage des événements ?

Auteur : JERRY DELATHIÈRE

Home-jackings, vols et incendies de voitures, casses à la voiture bélier, agressions physiques de policiers et même des crimes commis sans aucune retenue et avec préméditation…

C’est le lot de « faits divers » que nous présentent, chaque semaine, les médias à longueur de colonnes ou de journaux télévisés et radiodiffusés.

Ils sont presque tous le fait d’une jeunesse kanak en perdition et dont l’âge des fautifs interpelle : entre 12 et 16 ans !

Une jeunesse kanak qui représente donc inéluctablement, 85 à 90 % de la population incarcérée au Camp Est.

Quelles sont les raisons profondes d’une telle situation ?

Certains (de gauche notamment) n’hésitent pas à hurler, la bouche en cœur : « Colonisation ! urbanisation mal vécue ! échec scolaire car système non adapté ! etc. etc. », relayant des théories pernicieuses et malhonnêtes telles que développées en métropole, consistant à se draper dans une victimisation permanente en accusant la société, l’État (qu’il soit de droite ou de gauche !), « le système », etc. d’être les seuls responsables de la situation

. Des théories fumeuses qui, ont conduit la Métropole dans le mur, notamment au niveau de sa jeunesse mais aussi de sa société elle-même face à des enjeux comme la mondialisation.

« C’est la faute à tout le monde, mais moi je ne suis qu’une victime ! ».

Si certaines des causes de ces maux sociétaux, ici avancés, qui touchent la jeunesse calédonienne et kanak en particulier sont bien réelles et sont, bien sûr, à prendre en compte (trop longue marginalisation des Kanak pendant la période dite « coloniale », non adaptation d’un système scolaire franco-français, urbanisation mal vécue, etc.), elles ne constituent pas, cependant, la cause fondamentale de la situation actuelle.

Car cet enseignement inadapté, cette urbanisation mal vécue, cette situation d’échec scolaire permanent auraient pu être appréhendés et surtout gérés autrement.

Non, la véritable cause est d’origine politique et la responsabilité en incombe, pour une grosse part aux leaders indépendantistes mais également aux gens de droite dits « loyalistes ».


Pourquoi ? Reprenons la genèse de l’évolution politique de la Nouvelle-Calédonie depuis mai 1968 jusqu’aux évènements.

 

Mai 1969 : des jeunes kanak étudiants, récemment rentrés d’études en métropole, commencent à souffler un vent contestataire sur la société néo-calédonienne, en dénonçant les inégalités criantes et choquantes, notamment certaines discriminations envers les Kanak.

C’est l’époque des « Foulards rouges », des groupes « Atsaï », « 1878 », etc.

Dans le droit fil de cette idéologie, Nidoish Naisseline, fils du grand-chef de Maré et leader des « Foulards rouges » recouvre de peinture la plaque frontale de la statue du gouverneur Olry, située au bas de la place des Cocotiers.

Celle-ci représente des kanak vaincus, courbés devant le gouverneur pour y déposer leurs armes dans la plus plate des soumissions.

Avec ses camarades contestataires, et notamment Déwé Gorodey, il exige le retrait de la plaque infamante.

Ce qui leur vaudra d’être tous deux incarcérés au Camp Est.

La plaque litigeuse fut néanmoins ôtée de l’édifice.

 

Dès lors, les idées véhiculées par ces jeunes kanak ne cesseront de faire leur chemin et conduiront d’ailleurs à bousculer la vieille classe politique locale.

L’Union Calédonienne, jusqu’ici le parti dominant, en fera principalement les frais, avec des scissions successives aussi bien de droite que de gauche.

C’est l’époque de l’Union Multiraciale de Yann Céléne Uregei, de l’Union Progressiste Mélanésienne d’André Gopéa, Edmond Nékiriaï et du barbouze Jean-Marie Laurent.

Une union calédonienne « blackboulée », chahutée, mais qui résistera envers et contre tout et dont une poignée de jeunes kanak prendra enfin le contrôle lors du congrès de Bourail, en 1977. Ils ont un point commun : ils sortent tous du petit séminaire et possèdent un enseignement religieux : Jean-Marie Tjibaou, Eloi Machoro mais aussi des métis comme François Burck.

Un contrôle du parti qui provoquera d’autres scissions : Georges Nagle et Jean Lèques créent « le Mouvement Libéral Calédonien », Jean-Pierre Aifa et ses amis, refusant d’êtres « commandés par des kanak » créent, de leurs côtés, « l’Union nouvelle calédonienne ».

 

Dès lors, avec Pierre Declercq, autre curé défroqué, occupant le poste de sécrétaire général du mouvement, l’U.C et ses leaders n’auront de cesse de pratiquer la surenchère dans la revendication d’indépendance avec des slogans de plus en plus durs, voire haineux.

Une autre frange de militants indépendantistes se regroupe au sein de nouveaux partis : « le Parti de libération kanak » (Palika) dont les symboles représentent (toujours) une hache de guerre et un fusil entrecroisés (instruments de paix et de destin commun !!) ou « Libération Kanak socialiste » du grand chef Naisseline et d’Henri Bailly.

À cette mobilisation kanak et indépendantiste, on a répondu, à droite par une radicalisation outrancière anti-kanak.

Création du RPC (Nouméa et Pouembout) en 1977 par Jacques Lafleur et ses amis, qui deviendra ensuite le « Rassemblement pour la Calédonie dans la France » ; tout ça pour faire plaisir à papa Chirac et à la plus grande désillusion de personnalités politiques locales d’envergure comme le sénateur Lionnel Cherrier.

Mais on entrait, là, déjà, dans le « système Lafleur » : l’unilatéralité de la réflexion, l’absence de toute opposition ou contradiction, c’était l’ère du « Jacques a dit ! ».

Les leaders indépendantistes n’ont eu de cesse d’exploiter et de mettre en avant la jeunesse militante pour donner du poids à leur démarche, à leur idéologie.

Rappelez-vous, l’époque des « Top à l’indépendance ».

Certains de ces élus kanak ont « rigolé » récemment face au « Kanaky 2014 » véhiculé par LKU. Ils auraient mieux fait de se taire !

 

On en arrive à septembre 1981, et à la mort tragique de Pierre Declercq assassiné chez lui par les services secrets français.

La mobilisation indépendantiste fut intense avec des conséquences, pour la jeunesse, non négligeables : arrêt du tour cycliste à Tibarama (Poindimié), boycott des manifestations sportives.

Jusqu’ici, des jeunes kanak investis dans le sport se sont vus stoppés net dans leur élan.

C’était l’époque des grands matchs de foot-ball tels que « Union Sportive Louis Gélima contre AS Baco », « UAC Yaté contre La Frégate », etc.

Des manifestations sportives qui drainaient quantité de jeunes et des disciplines qui en motivaient plus d’un. Pareil pour la boxe : des clubs comme « Nengoné sport » où les talents fourmillaient se sont mis au sommeil.

Les slogans politiques étaient alors « Non au sport !

hochet du colonialisme pour endormir la jeunesse kanak ! » etc. etc.

On a ainsi détourné de la « mentalité sportive » des générations de kanak.

Mais l’engouement était plutôt à l’apprentissage du maniement des armes qu’à la pratique du sport : c’était l’époque, aussi, des voyages en Lybie organisés par Yann Céléné Uregeï.

On a dit que ces élus kanak (dont on vénère aujourd’hui le souvenir) étaient des visionnaires. Visionnaires de quoi ?

Leur action s’est essentiellement axée avec force sur l’accession au pouvoir politique. Les actuels problèmes sociétaux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés n’étaient-ils pas déjà bien réels ?

L’échec scolaire kanak, la fracture sociale, etc, etc.

Sont arrivés les évènements proprement dits, c’est-à-dire la période 1984-1988. Là, une génération de jeunes militants a été utilisé pour justifier « la lutte sur le terrain » (siège de Thio, barrages, faits divers tragiques, etc).

Une mobilisation qui a certes, payé au niveau politique mais qui a produit une génération sans repères, sans plus aucun respect de l’autorité, de la loi républicaine (taxée de « colonialiste »), sans aucun souci du lendemain.

Cette même génération a ensuite produit sa légitime descendance, élevée selon les mêmes critères de « rejet du blanc, du colonialisme, du système ».

Un discours dangereux qui a intoxiqué des générations de jeunes kanak qui se trouvent, aujourd’hui, face à la réalité de la vie, face, surtout, à la réalité de leur quotidien après avoir cru aux discours fumeux sur le devenir kanak et l’indépendance. Ils s’aperçoivent bien, que les notions reçues sont fausses, qu’on les as trompés.

Refusant alors cet échec, ils se réfugient dans l’alcool, le cannabis (qui, au passage, s’est développé à la vitesse grand V) ou dans la violence.

Si, aujourd’hui, la jeunesse d’influence occidentale est relativement homogène dans ses comportements, la jeunesse Kanak, présente une certaine diversité de situations.

Les étudiants intégrés dans le cursus scolaire et universitaire (ceux qui ont réussi à surmonter l’écueil du système éducatif français) parcourent sans trop de problème la voie étroite qui mène au monde adulte.

Les jeunes qui travaillent dès la fin de leur scolarité, soucieux de s’intégrer dans un groupe social, adhèrent rapidement à un parti politique ou à un syndicat. Ils deviennent alors le fer de lance de la lutte indépendantiste ou loyaliste.

 

Les exclus du système scolaire, faute d’autre possibilité, retournent vivre dans la tribu, où leur adaptation n’est pas toujours facile.

Au prix de tiraillements douloureux, certains transforment l’essai en projet de vie.

D’autres enfin, et le phénomène est nouveau, ne parviennent pas à s’adapter aux devoirs de la vie coutumière et repartent peupler les squats de Nouméa.

C’est évidemment à l’école qu’incombe la responsabilité de décrypter les enjeux de l’avenir.

Or son échec est patent. Le discours parental sur le lien quasi mécanique existant entre l’école et l’emploi a permis des ascensions sociales remarquables, mais seul un petit nombre en a profité. Dans sa globalité, le bilan des dernières années n’est pas brillant.

Seuls 4% des Kanak et des Wallisiens scolarisés dès la maternelle obtiennent en fin de parcours le baccalauréat.

Parmi les diplômés, toutes ethnies confondues, 81% ont le niveau BEP, 10% seulement le niveau bac

. Malgré tous les efforts et les moyens financiers déployés, la progression est faible.

En 1989, soit un an après la signature des accords de Matignon, 39,1% des candidats kanak obtenaient un bac général et 37,9% un bac technologique.

Dix ans plus tard, ils n’étaient plus que 34,1% dans les séries générales, alors que leur taux de réussite au bac professionnel atteignait 51,3%.

Difficile dans ces conditions d’être avocat, médecin ou même professeur de lycée.

On ne compte d’ailleurs qu’une quinzaine de Kanak parmi les 1 500 enseignants du secteur secondaire.

L’école est souvent vécue comme une rupture dans l’existence de l’enfant kanak, contraint de quitter de plus en plus tôt son contexte familial et culturel.

Au fur et à mesure de l’apprentissage, le déchirement devient plus insupportable, au point de susciter le désintérêt, voire le rejet de ce qui, autrefois, était considéré comme une conquête essentielle.

À cela s’ajoute l’inadaptation des programmes, leur application par des cadres métros habitués à véhiculer un enseignement franco-français.

Malgré la multiplication des collèges et lycées sur le territoire, les enfants de brousse, kanak ou caldoches, intègrent les internats de plus en plus jeunes, parfois dès l’âge de 10 ans.

Lorsqu’ils retrouvent leur environnement d’origine, tout est déjà joué et il est pratiquement impossible de leur inculquer les principes traditionnels d’éducation. Happés par un système scolaire qui ne parvient pas à les intégrer, coupés de leurs racines, la plupart des Kanak reviennent à la tribu déboussolés.

L’apprentissage est souvent vécu comme une forme pernicieuse d’aliénation, une négation de la culture, un exil dans son propre pays.

Pour ces jeunes forcés de quitter le milieu familial pour la ville et « les études », le sentiment d’abandon et la forte opposition à un discours vécu comme exogène, demeurent.

Ces jeunes ne se retrouvent pas dans l’idéologie véhiculée par l’école les valeurs transmises par leurs ancêtres.

La petite délinquance à Montravel ou Rivière-Salée, des quartiers de la périphérie nouméenne (Tindu, Kaméré), atteste de la désespérance d’une jeunesse kanak et océanienne urbanisée à contrecœur.


«L’école reproduit le système de références européen, la télévision achève le travail.»

Plus sûrement peut-être que l’école, l’arrivée dans les tribus des chaînes de Calédonie 1ère et du bouquet de Canal Satellite a bousculé les habitudes et les modes de pensée.

L’aîné et les chefs coutumiers perdent rapidement leur statut de sages, le déferlement d’images extérieures casse le discours des parents.

La rencontre entre une culture très riche et une modernité en contradiction avec des règles strictes fausse tous les repères.

En l’absence de références communes aux différentes générations, les jeunes s’éloignent de traditions structurantes.

Lorsqu’un adolescent se faisait autrefois «astiquer» dans la tribu, les chefs expliquaient le sens de sa punition. Celle-ci était alors vécue comme un rite de la vie sociale.

Aujourd’hui, on frappe gratuitement.

La blessure ainsi ouverte, difficile à refermer, devient à son tour source de violence.

Deux faits divers ont récemment défrayé la chronique.

Sur la côte est, près de Poindimié, une douzaine d’hommes ont passé à tabac le grand chef du district de Wagap, pour des raisons indéterminées.

Quelques semaines plus tard un homme «dans la force de l’âge», furieux des rumeurs qui circulaient à son propos, roua de coups un chef coutumier de 85 ans.

N’exprimant aucun remords, l’agresseur a simplement déclaré au tribunal: «C’est lui qui a commencé, il l’a mérité.»

Toutes ces agressions contre des chefs illustrent la violence, inimaginable il y a quelques années, du conflit entre générations.

Et les élus, kanak notamment, où sont-ils pendant ce temps ? Que font-ils ?

On mesure souvent la fiabilité d’un discours politique aux actes qui suivent.

On nous rabâche les oreilles que les évènements, la mobilisation, ont justement permis de faire évoluer les choses, de faire bouger les curseurs en termes de responsabilités politiques, d’éducation, d’accession à l’emploi, etc, etc.

Ces responsabilités les élus indépendantistes les ont depuis 1988.

Or, force est de constater que le premier projet éducatif calédonien, a été voté en…. décembre 2015) soit presque 28 ans après la signature de l’accord de Matignon (juin 1988) et dix-huit ans après celui de Nouméa (mai 1998) !!

Comment expliquent-ils cela ?

Ne parlons pas de l’emploi local !

Actuellement, le texte sur l’emploi local est une véritable passoire, et permet tous les jours, l’embauche d’expatriés ou de débarqués au vu et au su de tout le monde.

Quant au secteur public, c’est une catastrophe !!

Il existe pourtant de nombreux « petits emplois » ou petits postes qui pourraient être occupés par des jeunes locaux et notamment des jeunes kanak.

Force est de constater que, mis à part le Parti Travailliste de LKU, la mobilisation des élus indépendantistes en faveur de l’emploi local a été bien timide voire inexistante !!

On nous répondra : « Oui, mais regardez ce que la lutte et la mobilisation ont amené !

On gère deux provinces sur 3, on a la mine, la SMSP, KNS, etc. etc.

» Peut-être, mais pour combien de jeunes laissés au bord de la route sans formation, sans espoir et autres perspectives d’avenir.

Ce que les élus indépendantistes ont « oublié », c’est qu’en accédant au pouvoir politique, donc décisionnel, ils allaient faire face aux impératifs de la mondialisation, de l’industrialisation effrénée, de la médiatisation à outrance. Ils s’y sont jetés à corps perdu mais avec un style de gestion affairiste et déshumanisé qui ne tient aucunement compte du quotidien de ceux « qui les ont mis là », c’est-à-dire de tous ces jeunes auxquels on a fait croire monts et merveilles.

Un style de gestion plus proche du capitalisme et du libéralisme sauvage que d’une conception socialiste de l’économie.

Le sigle “Front National Kanak et Socialiste” fait alors sourire, merci M. Dang.

Et certains élus et autres secrétaires généraux de partis indépendantistes viennent, maintenant, la bouche en cœur, dénoncer la violence, appeler « au destin commun », « à construire le pays ».

Pour construire quelque chose, messieurs, encore faut-il avoir quelque chose dans les mains ou… des idées dans la tête.
Les jeunes kanak ne sont pas idiots et se rendent très bien compte qu’on les as, en grande partie, manipulés. On s’est servis d’eux « pour la lutte » mais aujourd’hui, sur le bord de la route, les yeux embrumés par un vieux joint, ils observent une autre fumée, celle des cheminées de KNS, les camions rutilants, le nombre d’expatriés qui y travaillent et s’interrogent…. Kanaky ? C’est ça la Kanaky promise

JERRY DELATHIÈRE · MERCREDI 3 FÉVRIER 2016

 

Source :    https://caledosphere.com/2016/02/05

th-7.jpg

 

Les commentaires sont fermés.