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Une allocution rarissime. Vendredi 1er juillet, le chef des Talibans afghans s’est exprimé durant une conférence réunissant un certain nombre de chefs tribaux à Kaboul, rapporte Le Figaro.
Durant ce discours, auquel la presse n’a pas eu l’autorisation d’assister, Hibatullah Akhundzada, chef de l’Émirat islamique d’Afghanistan, a sommé le monde de « cesser de se mêler des affaires afghanes ».
Cette conférence portait sur l’avenir du pays, totalement contrôlé par les talibans depuis la chute de Kaboul en août 2021.
Ce discours du leader, retransmis par la radio d’État, est un événement rarissime, car Hibatullah Akhundzada vit la plupart du temps reclus à Kandahar, et aucune vidéo n’a jamais été prise de lui, tandis que les photos de son visage sont rares.
Dans son allocution, Hibatullah Akhundzada a appelé les Afghans à faire bloc derrière son gouvernement, et à rompre avec « la corruption, l’égoïsme, la tyrannie, le nationalisme et le népotisme » qui ont marqué, selon lui, les années de gouvernement de la République islamique d’Afghanistan (2001-2021), contre laquelle lutaient les islamistes talibans.
De même, le chef religieux a exhorté les dignitaires présents à cette conférence à suivre et faire appliquer les règles de la loi islamique : « S’il y a la Charia, nous aurons la sécurité, la liberté, un système islamique et tout ce dont nous avons besoin.
Il a également fustigé les tentatives occidentales de demander une libéralisation du régime : « Ils nous disent : »Pourquoi ne faites-vous pas ci, pourquoi ne faites-vous pas ça ? » Pourquoi le monde se mêle-t-il de nos affaires ? Nous n’accepterons les directives de personne au monde. Nous ne nous inclinerons que devant Allah tout-puissant. » « Il ne peut y avoir de réconciliation entre l’islam et les »kafirs » (infidèles ndlr.). Ça n’a jamais eu lieu, pas dans le passé et pas maintenant », a-t-il affirmé. « Vous devez vous battre, endurer les épreuves. (…)
Le monde actuel n’acceptera pas facilement que vous mettiez en œuvre le système islamique et il ne vous le permettra pas », a expliqué le leader musulman.
Durant la conférence, qui se tenait dans l’enceinte de l’université polytechnique de Kaboul, deux hommes armés ont tenté de pénétrer dans le lieu de réunion, avant d’être abattus.
Aucune femme n’était présente à ce rassemblement, les Talibans estimant qu’elles étaient représentées par les hommes de leur entourage.
Source : V A
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Arrêt sur info s’efforce de porter à la connaissance de ses lecteurs la parole de la partie russe, généralement occultée, voire tronquée -ou au mieux biaisée- par les médias traditionnels et les politiciens occidentaux. L’information unilatérale, fondée essentiellement sur les versions des faits d’officiels ukrainiens, et autres experts occidentaux en relations publiques, telle que livrée par nos médias, ne permet aucunement au public de comprendre ce qui se passe et de se forger une claire opinion.
ASI
En conclusion de sa visite de travail au Turkménistan, Vladimir Poutine a répondu aux questions des médias.
Achgabat, 29 juin 2022
[…]
Question : Le thème principal du sommet du G7 en Allemagne était de punir la Russie autant que possible.
Des blagues ont également été faites sur, je m’excuse, votre torse nu. Tout le monde s’y est mis, y compris le Premier ministre du Canada, qui a suggéré de laisser tomber les vestes pour être plus cool que Poutine. Ici, au sommet de la Caspienne, avez-vous par hasard discuté de quelque chose de ce genre ?
Boris Johnson a également déclaré que si le président russe était une femme, il n’y aurait pas de guerre. Que pensez-vous de cela ?
Vladimir Poutine : Je ne sais pas jusqu’où ils voulaient se déshabiller, jusqu’à la ceinture, plus bas. (*) Je pense que ça aurait été, dans un cas comme dans l’autre, un spectacle répugnant. Je voudrais citer Pouchkine ici. Je me trompe peut-être dans les détails, mais il a dit quelque chose comme « On peut être une personne sensée et penser à la beauté de ses ongles« . Alors, évidemment, je suis d’accord avec cela : tout doit être équilibré chez une personne, le corps et l’âme doivent être soignés. Pour y parvenir, il faut s’abstenir de trop boire et d’autres mauvaises habitudes. Il est important de faire de l’exercice et de rester en forme.
Les collègues que vous avez mentionnés, je les connais tous personnellement. Nos relations ne sont pas au mieux, c’est clair. Néanmoins, ce sont des leaders, au caractère bien trempé, qui sont capables, s’ils le veulent, d’atteindre leur objectif. Mais, pour cela, il faut travailler sur soi. Cela demande des efforts. Le simple fait qu’ils en parlent est une bonne chose et je peux les en féliciter.
Passons maintenant à la deuxième partie de la question. Avez-vous dit Johnson ? Je ne veux pas m’étendre sur ce qui aurait pu se passer, je veux simplement vous rappeler les événements de l’histoire récente, lorsque Margaret Thatcher a pris la décision de lancer une opération militaire contre l’Argentine pour les Malouines. C’est une femme qui a décidé de lancer une opération militaire. Où sont les îles Malouines et où est la Grande-Bretagne ? Cette décision n’a été dictée par rien d’autre que des ambitions impériales et le but était de réaffirmer le statut impérial du pays.
Par conséquent, je pense que, en tout état de cause, ce n’est pas vraiment un bon coup de gueule de la part du Premier ministre du Royaume-Uni face aux événements actuels.
Question : Le sommet de l’OTAN a commencé par une rhétorique belliqueuse. La Russie a été déclarée « menace directe » pour la sécurité de l’Alliance. Stoltenberg a admis que l’OTAN se préparait à la confrontation avec la Russie depuis 2014. Le Premier ministre belge a déclaré que l’Ukraine devait gagner et qu’elle devait le faire sur le front, ce qui aurait été coordonné avec les autorités ukrainiennes.
Comment évaluez-vous ces déclarations ? Et comment devrions-nous les considérer ?
Vladimir Poutine : Nous devons les considérer comme des faits. En ce qui concerne leurs préparatifs pour certaines actions contre nous depuis 2014, cette information n’est pas nouvelle pour nous. Elle explique nos actions décisives pour protéger nos intérêts. Ils sont depuis longtemps à la recherche d’un ennemi extérieur, d’une menace qui rallierait leurs alliés. Je fais surtout référence aux États-Unis.
L’Iran n’est pas tout à fait adapté à ce rôle. La Russie est bien mieux. Ils voient en nous une chance de rallier leurs alliés dans une nouvelle période historique. Il n’y a là rien de nouveau pour nous. C’est une nouvelle preuve de ce que nous disons depuis le début : l’OTAN est une relique du passé, de l’époque de la guerre froide. Ils ont toujours répondu que l’OTAN avait changé, qu’elle était devenue une alliance plus politique, mais en même temps ils cherchaient une occasion de lui donner un nouveau souffle en tant qu’organisation militaire. Eh bien, c’est exactement ce qu’ils font maintenant. Il n’y a rien de nouveau pour nous dans tout cela.
Question : Qu’en est-il de la victoire de l’Ukraine ?
Vladimir Poutine : En ce qui concerne la victoire de l’Ukraine, nous en sommes également conscients. L’Ukraine a mené des discussions avec nous, parfois mieux qu’à d’autres moments. Nous avons fait certains arrangements à un moment donné, mais plus tard, ils, pardonnez-moi l’expression, les ont balancés. Les appels lancés à l’Ukraine pour qu’elle poursuive les combats et abandonne toute négociation ultérieure réaffirment notre supposition selon laquelle l’Occident uni et l’OTAN ne se soucient pas de l’Ukraine ou des intérêts du peuple ukrainien, et que leur objectif est de protéger leurs propres intérêts. En d’autres termes, l’OTAN et les membres dirigeants de l’alliance utilisent l’Ukraine et le peuple ukrainien pour renforcer leurs positions et leur rôle dans le monde, non pas pour réaffirmer leur leadership mais leur hégémonisme au sens direct du terme, leurs ambitions impériales. C’est ce qu’ils veulent. Ce qu’ils ont toujours dit à propos de leur exceptionnalisme, l’idée qu’ils ont essayé d’imprimer à la communauté internationale que ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux – tout cela sont des manifestations de la même politique. Ce n’est pas nouveau pour nous.
Question : Monsieur le Président, la Turquie a abandonné ses convictions sur la question de l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. Cette décision aura-t-elle un effet sur les relations Russie-Turquie ? Que va faire la Russie maintenant, surtout à la lumière de la déclaration de Stoltenberg selon laquelle vous vouliez moins d’OTAN aux frontières de la Russie mais avez obtenu le contraire : plus d’OTAN.
Vladimir Poutine : Je suis conscient de cette prémisse, qui est fausse et n’a aucun rapport avec la réalité. Notre position a toujours été, comme je l’ai déjà dit au cours de cette conversation aujourd’hui, que l’OTAN est une relique de la guerre froide et qu’elle n’est utilisée que comme un instrument de la politique étrangère américaine destiné à maintenir ses États clients sous contrôle. C’est sa seule mission. Nous leur avons donné cette possibilité, je le comprends. Ils utilisent ces arguments de manière énergique et assez efficace pour rallier leurs soi-disant alliés. C’est le premier point.
D’autre part, en ce qui concerne la Suède et la Finlande, nous n’avons pas de problèmes avec ces pays comme nous en avons, malheureusement, avec l’Ukraine. Nous n’avons pas de problèmes ou de différends territoriaux avec eux. Il n’y a rien qui puisse inspirer notre préoccupation concernant l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. Si elles le veulent, elles peuvent le faire.
Cependant, ils doivent savoir qu’ils n’ont pas été confrontés à des menaces auparavant, mais que si des contingents et des infrastructures militaires sont maintenant déployés sur leur territoire, nous devrons prendre des mesures similaires et créer pour eux les mêmes menaces que celles qui sont créées pour nous. C’est évident. Ne le comprennent-ils pas ? Tout allait bien entre nous avant, mais maintenant il y aura des tensions, ce qui est évident et certainement inévitable si, comme je l’ai dit, des menaces sont créées pour nous.
Quant à l’hypothèse selon laquelle nous luttions contre l’OTAN qui s’approchait de nous par l’intermédiaire de l’Ukraine, mais que nous avons maintenant affaire à la Suède et à la Finlande, elle n’a aucune substance, car l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN n’a rien à voir avec l’adhésion potentielle de l’Ukraine. Ce sont deux choses différentes. Ils le savent très bien, mais ils défendent cette idée pour montrer que la Russie a reçu davantage de ce qu’elle ne voulait pas avoir. Non, c’est totalement différent, et nous en sommes conscients. Et ils en sont conscients. Ils essaient de substituer ces notions, de montrer que la Russie n’a pas atteint ses objectifs. Mais cela ne nous trompera pas.
Si la Suède et la Finlande veulent rejoindre l’OTAN, qu’elles le fassent. Vous savez, il y a des blagues grossières sur le fait de se mêler de choses peu recommandables. C’est leur affaire. Qu’ils marchent dans ce qu’ils veulent. Mais l’Ukraine est une affaire totalement différente. Ils ont transformé l’Ukraine en un pays anti-Russie, une tête de pont pour essayer de remuer la Russie elle-même. Ils ont commencé à combattre la culture russe et la langue russe, ils ont commencé à persécuter ceux qui se considéraient comme faisant partie du monde russe. Il n’y a rien de tel en Finlande ou en Suède ; la situation est complètement différente. S’ils veulent rejoindre [le bloc], ils sont libres de le faire.
Question : Aujourd’hui, Lev Leshchenko a déclaré qu’il était prêt à interpréter une chanson sur les héros de l’opération spéciale. Ilya Reznik a déjà écrit les paroles. L’autre jour, je suis revenu de Lugansk où le chef de la République populaire de Lugansk, Pasechnik, a proposé de faire un film. Il a présenté son idée à Vladimir Mashkov qui s’en est immédiatement inspiré. Nous nous souvenons du rôle que l’art soviétique a joué pendant la Grande Guerre patriotique. Que pensez-vous de ces idées et propositions ?
Vladimir Poutine : C’est une bonne idée. Vous voyez, les gars qui accomplissent leur devoir de combat là-bas, qui se battent, qui risquent leur vie, certains perdent même leur vie, ils se sacrifient pour les objectifs de cette opération militaire. Ils protègent la population du Donbass, les intérêts de la Russie et la sécurité de notre pays. N’en sommes-nous pas conscients ? Je l’ai déjà dit à maintes reprises : si un pied anti-Russie est établi à nos frontières, nous serons constamment sous cette menace, sous cette épée de Damoclès. Ces hommes accomplissent donc une mission cruciale pour assurer la sécurité de la Russie et, bien sûr, ils méritent d’être connus et de faire parler d’eux dans tout le pays. Non seulement je soutiens de telles idées (c’est la première fois que j’en entends parler), mais je pense que nous devrions écrire des chansons et des poèmes et construire des monuments à la mémoire de ces héros.
Question : Monsieur le Président, les objectifs de l’opération spéciale ont-ils changé depuis son lancement ? Quel est l’objectif actuel ? Savez-vous quand tout cela va se terminer ?
Vladimir Poutine : Rien n’a changé, bien sûr. J’en ai parlé tôt le matin du 24 février. J’en ai parlé directement et publiquement pour que le pays tout entier et le monde entier l’entendent. Je n’ai rien à ajouter. Rien n’a changé. À l’époque également, plusieurs jours après le début de l’opération, j’ai dit que la tactique pourrait être différente, celle proposée par le ministère de la Défense et l’état-major général, en ce qui concerne les endroits où les troupes doivent se déplacer et les cibles à atteindre, ce qui doit être réalisé lorsque plusieurs groupes sont entrés en Ukraine centrale et ce qui doit être réalisé dans le Donbass. Le régime de Kiev s’était préparé à cela depuis longtemps, depuis 2014. Par conséquent, nous devions prendre certaines mesures pour les distraire.
Oui, je suis le commandant en chef suprême, mais je ne suis pas diplômé de l’Académie militaire de l’état-major général. Je fais confiance aux professionnels. Ils font ce qu’ils jugent nécessaire pour atteindre l’objectif global. J’ai formulé l’objectif global, qui est de libérer le Donbass, de protéger sa population et de créer les conditions qui garantiront la sécurité de la Russie elle-même. C’est tout. Nous travaillons de manière calme et régulière. Comme vous pouvez le constater, nos forces progressent et atteignent les objectifs qui ont été fixés pour cette période particulière de l’engagement. Nous procédons selon le plan.
Nous ne parlons pas d’échéances. Je n’en parle jamais, parce que c’est la vie, c’est la réalité. Il serait erroné de faire entrer les choses dans un cadre quelconque, car, comme je l’ai déjà dit, il s’agit de l’intensité du combat, qui est directement liée aux pertes possibles. Et nous devons penser avant tout à sauver la vie de nos hommes.
Question : Puis-je poser une question sur l’attaque terroriste, enfin, pas une attaque mais l’explosion du centre commercial de Kremenchug en Ukraine ? Il y a différentes versions.
Vladimir Poutine : Il n’y a pas eu d’attaque terroriste ni d’explosion.
J’étais là, donc je ne connais pas les détails. Ce que je sais, et ce que nous avons souligné à de nombreuses reprises et nous avons montré les images, y compris celles des drones, c’est que les armes, les MLRS, les canons d’artillerie et les armes lourdes sont déployés dans les quartiers résidentiels et dans d’autres endroits. Nous ne tirons pas sur des champs vides. Nous tirons généralement sur des cibles qui ont été identifiées.
Je suis sûr que c’est ce qui s’est passé dans cette affaire également. Ils cachent le matériel, en particulier le matériel livré par l’Occident, dans des hangars, sur des marchés en plein air, dans des usines et dans les magasins où ce matériel est réparé ou ajusté après une longue période de transport depuis des pays étrangers.
L’armée russe ne frappe pas les installations civiles. Elle n’en a pas besoin. Nous avons la possibilité d’identifier les cibles, et nous disposons d’armes modernes de précision à longue distance pour les attaquer. Bien sûr, je découvrirai les détails à mon retour à Moscou.
Source: Kremlin.ru
(*) Note d’ASI
Le président russe répond aux attaques/provocations de Boris Johnson lors du sommet du G7, qui a suggéré de “se déshabiller” pour suivre l’exemple de Vladimir Poutine, photographié torse nu à dos de cheval. “Nous devons tous montrer que nous sommes plus forts que Poutine, lui montrer nos pectoraux” a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu au ministre britannique en ces termes : “Nous ne pouvons malheureusement que constater ici un très bas niveau de culture personnelle et politique. Une telle goujaterie jette le discrédit sur le pays qu’il représente.”
04:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
![]() A partir de 2019, la Chine a inauguré un nouveau concept de guerre, baptisé « guerre intelligentisée ». L'idée est de coupler intelligence artificielle et plates-formes sans pilotes pour soumettre l'ennemi sans avoir recours à la guerre « chaude » conventionnelle. (Source de l'image : iStock) |
En 2019, la Chine a élaboré un nouveau concept de guerre appelé « guerre intelligentisée ».
L'idée est de coupler intelligence artificielle (IA) et plateformes sans pilote (drones notamment) pour soumettre l'ennemi, sans avoir à recourir à la guerre "chaude" conventionnelle.
Dans le rapport du Secrétaire à la Défense remis au Congrès en 2019 et intitulé « Military and Security Developments Involving the People's Republic of China » (Développements militaires et sécuritaires impliquant la République populaire de Chine), on peut lire :
« L'APL (Armée Populaire de Libération)[...] explore les concepts opérationnels de prochaine génération pour la guerre intelligentisée, comme la guerre d'attrition par essaims intelligents [1], la guerre mobile inter-domaines [2], la confrontation spatiale basée sur l'IA [3] et les opérations de contrôle cognitif [4].
L'APL considère les systèmes sans pilote comme des technologies intelligentes essentielles et cherche les moyens de rendre le plus autonomes possibles les véhicules aériens, de surface et sous-marins sans pilote afin de permettre, entre autres, des formations hybrides avec et sans pilote [5], des attaques en essaim [6] un soutien logistique optimisé [7] et des capacités ISR [Renseignement, Surveillance et Reconnaissance] désagrégées entre autres possibilités. » [C'est nous qui soulignons.]
Ce qui distingue la Chine dans cette « guerre intelligentisée » n'est pas qu'elle mise sur l'IA et les drones en essaim. L'infanterie, l'aviation et la marine américaines ont elles aussi des projets de drones en essaim et les Marines expérimentent même des essaims de drones kamikazes. La singularité de la Chine est qu'elle se positionne sur les aspects cognitifs de la guerre intelligentisée. D'après le colonel Koichiro Takagi, senior fellow du Commandement de la recherche et du développement de l'évaluation et de la formation de la Force d'autodéfense terrestre du Japon :
Les théoriciens chinois ont clairement posé que le concept opérationnel de base de la guerre intelligentisée est la prise de contrôle de la volonté de l'ennemi. L'IA doit servir à contrôler directement la volonté des plus hauts décideurs, y compris le président, les membres du Congrès et les commandants combattants, ainsi que les citoyens. La « domination par le renseignement » ou le « contrôle du cerveau » deviendront de nouveaux domaines de la lutte pour le contrôle dans la guerre intelligentisée. Ces axes de recherche donnent à l'IA une mission très différente des projets américains et alliés sur le sujet.
Selon Takagi, les théoriciens militaires chinois pensent que la guerre telle que nous la connaissons est sur le point de changer.
« Les théoriciens chinois voient cependant plus loin. Ils estiment que le développement des technologies de l'information a atteint ses limites, et que les guerres futures se produiront dans le domaine cognitif. » Pour l'Armée populaire de libération chinoise, la forêt ardennaise des guerres du futur passe par une attaque directe sur les processus cognitifs humains à l'aide de l'IA et des armes sans pilote. Les constructeurs français de la ligne Maginot n'avaient pas imaginé que les blindés allemands attaqueraient par la forêt des Ardennes. Il en va de même aujourd'hui ; nous qui, depuis la guerre du Golfe, avons été rodés par trois décennies de guerre de l'age-de-l'information, la guerre intelligentisée ou cognitive semble une façon de penser étrange et irréaliste. »
Ben Noon, assistant de recherche à l'American Enterprise Institute, et le Dr Chris Bassler, senior fellow du Center for Strategic and Budgetary Assessments, ont écrit en septembre 2021 :
« Les théoriciens de l'APL affirment que l'intelligentisation cible un « espace cognitif » qui privilégie la pensée complexe et la prise de décision efficace. Sur les champs de bataille où la technologie avancée de l'IA permet de meilleures décisions, écrivent-ils, le camp qui intégrera le mieux la créativité humaine et la capacité de calcul robotique détiendra un avantage crucial...
« L'intelligentisation cherchera à construire un avantage dans la guerre psychologique. Les théoriciens décrivent une « confrontation cognitive » dans laquelle les dirigeants de l'APL domineront psychologiquement le commandement adverse grâce à de meilleures décisions prises plus rapidement. L'APL prévoit de mettre tous les outils disponibles au service de son objectif principal : réduire la volonté de résistance de l'ennemi. »
En décembre 2021, le ministère américain du Commerce a imposé des sanctions à 12 instituts de recherche chinois et à 22 entreprises technologiques chinoises, au premier rang desquels l'Académie chinoise des sciences médicales militaires et ses 11 instituts de recherche. La raison invoquée est « l'utilisation des processus biotechnologiques pour soutenir les utilisations finales et les utilisateurs finaux de l'armée chinoise, y compris les prétendues armes de contrôle du cerveau », a déclaré le ministère du Commerce.
Selon trois rapports rédigés en 2019 par l'Armée populaire de libération et rendus publics par le Washington Times, la Chine mène depuis plusieurs années des recherches sur le contrôle du cerveau ou la guerre cérébrale dans le cadre de ses travaux sur le développement de la guerre intelligentisée.
« La guerre ne consiste plus à détruire des corps mais à paralyser l'adversaire et à le contrôler », affirme l'un des rapports chinois dont le PLA Daily, le quotidien de l'armée, a rendu compte.
« L'objectif n'est plus la destruction physique de l'ennemi, mais la destruction de sa volonté de résistance » ; « des armes d'un nouveau genre font du cerveau la cible principale de l'attaque et de la défense... Vaincre sans combattre n'a plus rien de farfelu. »
Les rapports de l'APL ont aussi révélé que la Chine travaille également sur l'intégration homme-machine pour augmenter les capacités physiologiques et cognitives humaines.
« La fusion homme-machine dans le futur sera une compétition pour le contrôle du cerveau » indique l'un des rapports de l'APL.
« Les deux parties combattantes utiliseront diverses technologies et modèles de contrôle du cerveau qui cibleront la façon de penser et la conscience de l'ennemi ; le but est d'intervenir directement dans la pensée des chefs et de l'état-major ennemis, et de faire la guerre pour contrôler la conscience et la pensée. »
Selon le Washington Times :
« Parmi les différents axes de recherche figurent les "technologies de contrôle du cerveau qui passent par la mesure de l'activité neuronale dans le cerveau et la traduction des neuro-signaux en signaux informatiques ; l'établissement d'une transmission de signaux unidirectionnelle ou bidirectionnelle entre le cerveau et un équipement externe » et les « technologies de neuro-défense telles que « l'exploitation des technologies électromagnétiques, biophysiques et matérielles pour améliorer la défense du cerveau humain contre les attaques de contrôle du cerveau ».
Takagi remarque que la guerre cognitive nécessite de grandes quantités d'informations, mais la Chine dispose déjà d'un énorme réservoir d'informations.
« Influencer les processus cognitifs humains nécessite d'importants flux d'informations personnelles et détaillées pour identifier les individus influents ou pour mener des opérations d'influence adaptées à des sous-groupes de personnes. La Chine a déjà rassemblé une impressionnante quantité d'informations personnelles sur les responsables gouvernementaux et les citoyens américains ordinaires, se donnant ainsi une base pour influencer les processus cognitifs des individus.
Cela comprend les données confidentielles de 21,5 millions de personnes qui relèvent de l'Office of Personal Management (l'Agence qui gère les personnels de la fonction publique aux Etats Unis), les informations personnelles de 383 millions de clients d'une grande chaîne hôtelière et des données sensibles concernant plus de 100 000 personnes appartenant à l'US Navy. Le gouvernement chinois a ensuite confié aux géants informatiques de son pays le soin de traiter cette grande quantité de données, les associant ainsi à des activités de renseignement.
Les énormes quantités de données que la Chine a accumulé au fil des ans, sont progressivement converties en armes au sens militaire du terme.
Ces données auraient ainsi déjà permis à la Chine d'identifier des agents de la CIA opérant dans des pays étrangers. Ces activités sont particulièrement agressives et coercitives à Taïwan et à Hong Kong, que le gouvernement chinois considère comme son territoire. Des tentatives d'utilisation de moyens numériques pour influencer les élections ont également été observées lors de la récente élection présidentielle à Taiwan. »
La guerre cognitive relève de la science-fiction pour la plupart des gens, mais nombreux sont les experts qui estiment que les États-Unis devraient prendre la menace au sérieux.
« Les États-Unis et leurs alliés devraient davantage analyser la guerre intelligentisée pour éviter les attaques surprises dans les guerres futures », a averti Takagi.
« Ils devraient également considérer l'arène cognitive comme une nouvelle arène opérationnelle, aux côtés de la terre, de l'air, de la mer, de l'espace et du cyberespace, afin de sensibiliser les esprits et investir des ressources. En outre, il est nécessaire de réfléchir à la manière de gagner la « bataille des narratifs » pour contrer la manipulation de l'opinion publique en temps de guerre. »
Takagi n'est pas le seul à prendre au sérieux les recherches chinoises sur la guerre cognitive. Selon Noon et Bassler :
« L'armée américaine devrait s'efforcer de mieux comprendre les conceptions chinoises de l'intelligentisation et les efforts de l'APL pour intégrer cette intelligentisation à son modèle de guerre du futur. Tirer parti des faiblesses possibles de l'approche de l'APL devrait être une priorité absolue et aiderait également l'armée américaine à réduire certaines faiblesses de ses propres vision et actions. »
Bassler et Noon conseillent aussi aux militaires américains de ne pas répéter les erreurs du passé, et de ne pas demeurer les bras ballants comme quand la Chine renforçait sa puissance de destruction en volant des quantités massives de tout ce qu'elle pouvait, comme ici, ici, ici, ici et ici.
« L'armée américaine devrait diffuser plus largement ses discussions internes concernant les efforts d'intelligentisation de l'APL », ont écrit Bassler et Noon.
« Au lieu de contrer d'importantes initiatives de l'APL, l'armée américaine est demeurée assise sur des informations classifiées et à gaspillé un temps précieux au lieu de mobiliser une réponse. Plusieurs années ont été perdues pendant la campagne de construction d'îles en mer de Chine méridionale. Plus récemment encore, les quelques informations rendues publiques sur la croissance rapide du programme nucléaire chinois sont demeurées sans effet. Ce sont les enquêteurs open source qui ont mis en lumière, plusieurs années plus tard, les efforts chinois en la matière. Face à l'intelligentisation, l'armée américaine devrait prendre garde à ne pas répéter cette erreur. Les militaires américains devraient mettre en évidence plus clairement la nature des efforts de l'APL au moment même ces efforts sont mis en oeuvre. »
Par Judith Bergman, chroniqueuse, avocate et analyste politique, est Distinguished Senior Fellow du Gatestone Institute.
[1] Tels que « les comportements collectifs qui résultent des interactions entre les individus et entre les individus et leur environnement ». Des exemples de systèmes étudiés par l'intelligence en essaim sont des colonies de fourmis et de termites, des bancs de poissons, des volées d'oiseaux, des troupeaux... . »
[2] Tels que « la capacité des dispositifs et systèmes de guerre électronique (GE) à contribuer, améliorer et fonctionner de manière transparente dans les six domaines dans lesquels les organisations militaires opèrent - air, terre, espace, mer, humain (cyber), et le spectre électromagnétique (EMS)".
[3] Tels que la sélection de cible, la communication par satellite, l'évitement des collisions.
[4] Tels que « les neurones [cellules nerveuses] communiquent avec votre cerveau en modifiant... les connexions qui relient votre corps à votre cerveau. »]
[5] Combiner les capacités de l'IA avec celles de l'humain, comme l'insertion d'une puce pour apprendre une langue.
[6] Comme l'utilisation d'essaims de drones pour submerger les systèmes de sécurité.
[7] Tels que la planification et le développement du meilleur support pour le système tout au long de son cycle de vie.
09:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
Réunis en sommet à Madrid, les pays vassaux de l’Empire Yankee et cornaqués par leur proxy appelé « OTAN » ont affirmé que la Russie représente une « menace directe » pour la sécurité des pays de l’Otan.
En conséquence, ils ont voté comme un seul homme le renforcement de l’alliance sur son flanc oriental face à la Russie : renforcement de leurs « groupements tactiques » présents sur le flanc Est de l’Alliance, « transformation de sa force de réaction » de 40 000 soldats, et augmentation du nombre de ses forces à haut niveau de préparation « bien au-dessus » de 300 000 militaires.
L’OTAN a appelé Kiev à se préparer à une « guerre longue »… :
« Nous devons nous préparer à une longue guerre, et c’est notre signal au président Zelensky », a déclaré le secrétaire général de l’alliance, Jens Stoltenberg à Madrid, affirmant que la porte de l’OTAN restait ouverte à l’Ukraine.
Zelensky, dans une allocution aux pays de l’OTAN, a râlé et ironisé sur la politique de « porte ouverte » de l’alliance, qui « rappelle les vieux tourniquets du métro de Kiev » : ils sont ouverts, mais il faut payer pour les franchir…
Ces déclarations ont été publiées alors qu’un nouveau rapport de CNN affirme que l’administration Biden ne croit pas que l’Ukraine ait la moindre chance de gagner cette guerre, mais qu’elle ne veut toujours pas encourager un quelconque règlement négocié pour mettre fin à l’effusion de sang :
« Les responsables de la Maison Blanche ne croient plus que l’Ukraine puisse un jour reprendre toutes les terres qu’elle a perdues au profit de la Russie au cours des quatre derniers mois de guerre, ont déclaré des responsables américains à CNN, même avec les armes lourdes et sophistiquées que les États-Unis et leurs alliés prévoient d’envoyer. …
Les conseillers du président Joe Biden ont commencé à débattre en interne de la manière dont le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devrait modifier sa définition d’une « victoire » ukrainienne, en tenant compte de la possibilité que son pays soit irréversiblement rétréci.
Des responsables américains ont souligné à CNN que cette pessimiste évaluation ne signifie pas que les États-Unis envisagent de faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle fasse des concessions territoriales officielles à la Russie afin de mettre fin à la guerre. »
Les élites politiques atlantistes ne veulent pas que cette guerre se termine tant qu’elles n’ont pas estimé qu’assez de Russes ont été tués pour mettre la Russie à genoux en tant que rivale – peu importe le nombre de morts ukrainiens nécessaires pour y parvenir.
Cette guerre par procuration est bel et bien menée non pas dans l’intention de limiter les pertes ukrainiennes mais dans l’intention égoïste américaine de créer un bourbier militaire coûteux et épuisant pour affaiblir la Russie sur la scène mondiale.
Le président turc a officiellement retiré l’objection d’Ankara, et les trois pays ont signé un mémorandum trilatéral lors du sommet à Madrid. Après avoir réussi son petit chantage à l’extradition de quelques Kurdes du PKK et autres terroristes, Erdogan a donc fait volte-face et décidé de ne plus poser son veto à l’adhésion de la Suède et la Finlande à l’OTAN.
« Je suis ravi d’annoncer que nous avons un accord qui ouvre la voie à l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN » et qui répond « aux inquiétudes de la Turquie sur les exportations d’armes et sur la lutte contre le terrorisme », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.
Les deux pays nordiques se sont engagés à « renforcer leur coopération » en matière de lutte contre le terrorisme avec Ankara et à s’entendre sur des « extraditions » de membres d’organisations kurdes que la Turquie considère comme « terroristes ». « La Turquie a obtenu ce qu’elle voulait », c’est-à-dire la « pleine coopération » des pays nordiques contre le PKK et ses alliés, a déclaré la présidence turque dans son communiqué.
Le mémorandum trilatéral signé par Ankara, Stockholm et Helsinki prévoit que « la Finlande et la Suède s’engagent à empêcher les activités du PKK et de toutes les autres organisations terroristes ainsi que leurs prolongements ».
Les deux pays nordiques assurent qu’ils traiteront « les demandes d’expulsion ou d’extradition de personnes soupçonnées de terrorisme de manière rapide et approfondie, en tenant compte des informations, preuves et renseignements fournis par la Turquie », et enquêterons « sur toute activité de financement et de recrutement du PKK et de toutes les autres organisations terroristes et leurs prolongements, ainsi que les groupes ou réseaux affiliés ou inspirés, avant de les interdire ».
Enfin, les trois pays confirment par cet accord « qu’il n’existe désormais aucun embargo sur les armes ». Dans la foulée de l’accord, la Turquie a réclamé ce 29 juin l’extradition de 33 personnes soupçonnées de terrorisme à la Finlande et la Suède.
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a réagi aux martiales déclarations tenues lors du sommet de l’OTAN en commentant :
« L’Occident a l’intention de pousser Kiev à se battre jusqu’au dernier Ukrainien ».
Quant à l’adhésion de la Suède et la Finlande, la Russie avait averti à plusieurs reprises et mis en garde contre les conséquences d’une telle décision.
Dès février 2022, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, avait déclaré que cette adhésion des deux pays nordiques « aurait de graves répercussions politico-militaires auxquelles notre pays serait obligé de répondre »…
Jeudi 20 juin, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a réagi, faisant écho à la célèbre phrase de Winston Churchill :
« L’UE ne montre aucun intérêt à comprendre les intérêts russes et ses décisions sont dictées par Washington. Le sommet de l’Otan cette semaine démontre que les Etats-Unis veulent soumettre tous les Etats à leur volonté. Le rideau de fer, de fait, il est déjà en train de s’abattre.
Que [les Occidentaux] fassent attention et qu’ils ne se coincent pas [les doigts] dedans.
Le processus est en cours »
Mais cette fois-ci, le rideau de fer, il est érigé par les Occidentaux eux-mêmes.
Et l’Empire Yankee va donc étendre l’OTAN en réponse à une guerre qui plonge ses racines dans l’expansion de l’OTAN depuis la fin de la Guerre froide…
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